Reprendre la rampe 20 ans plus tard : j’ai replongé dans THPS 3 + 4 et c’était fou
Je n’avais pas relancé un Tony Hawk depuis une décennie. Et pourtant, en insérant le disque de cette compilation sur ma PS5, j’ai eu l’impression d’ouvrir une capsule temporelle. Dès les premières notes de “My Way” ou “Ace of Spades”, mon corps s’est souvenu de tout. Les timings. Les trajectoires. Les combos de tricks improbables. Et, surtout, ce flow si particulier qui rend le skate arcade viscéral.
Mais au-delà de la nostalgie, ce remake compile deux monuments vidéoludiques (THPS 3 et THPS 4) avec une telle finesse, un tel respect du matériau d’origine et une envie d’offrir quelque chose de moderne, que l’on comprend très vite qu’on n’est pas juste là pour faire un tour de chauffe. On est là pour une vraie session. Une performance. Une plongée dans ce que le jeu de skate arcade a produit de plus fun, exigeant et addictif.
Des tricks sous stéroïdes : sensations manette en main
Dès que j’ai lancé la première session de THPS3, mes doigts ont retrouvé instinctivement le rythme. Le grind, le kickflip, le manual pour enchaîner, puis ce revert qui relance une combo comme un coup de boost… Tout est là. Mais en plus fluide, plus organique. Les animations sont désormais liées de manière dynamique. Ce n’est plus une succession de frames rigides, c’est un enchaînement chorégraphié, presque dansé.
La physique n’a rien perdu de sa saveur. On n’est pas dans une simulation comme Skate ou Session. Ici, le fun prime sur la véracité, mais dans un équilibre subtil. Les développeurs de Vicarious Visions (désormais absorbés par Blizzard) ont peaufiné chaque micro-seconde de jeu. Le grind répond parfaitement, les wallrides sont moins capricieux qu’à l’époque, et les rotations dans les airs ont été légèrement adoucies pour plus de contrôle. Sans sacrifier la nervosité qui faisait le sel des originaux.
Deux visions du skate réunies
Ce qui fait la richesse de cette compilation, c’est la juxtaposition de deux philosophies du game design. D’un côté, THPS 3, héritier direct de l’arcade pure, nous replonge dans des défis minutés à 2 minutes, à coups de « Ramasse les lettres SKATE », « Fais un score de fou », « Trouve l’objet caché ». C’est nerveux, sec, calibré pour la performance immédiate.
De l’autre côté, THPS 4 opère une bascule audacieuse vers une structure semi-ouverte. Les niveaux sont plus vastes, plus vivants, et surtout peuplés de PNJ qui nous confient des missions. Fini le timer dès qu’on bouge : ici, on déclenche les défis quand on le souhaite, et on prend le temps d’explorer, de tester des lignes, de perfectionner nos tricks.
J’ai été surpris de constater à quel point les deux approches se complètent. Je lançais une session rapide sur Foundry ou Tokyo quand j’avais 5 minutes. Et je me perdais pendant une heure dans le zoo ou sur les docks de San Francisco pour battre des records et déverrouiller toutes les zones. L’expérience est modulaire, rythmée, parfaitement adaptée aux usages modernes tout en respectant l’esprit d’origine.
Un level design culte… enfin sublimé
Les maps de THPS 3 et 4 font partie des plus iconiques de l’histoire du jeu vidéo. Je ne parle pas uniquement du genre skate : je parle du jeu vidéo tout court. Ces environnements sont pensés pour le mouvement, le flow, le rebond permanent. Et cette nouvelle version leur rend justice.
Chaque texture a été refaite, chaque zone repensée sans jamais trahir les lignes de grind, les spots secrets, les gaps savamment placés. C’est bluffant de retrouver, au pixel près, un rebord de muret, une rampe en biais, un toit accessible en exploitant un panneau. Mais le tout est désormais servi par une direction artistique plus détaillée, plus cohérente, avec une gestion de la lumière réaliste et un rendu HDR sublime sur PS5 et Xbox Series.
Mention spéciale à Alcatraz, ma map préférée dans THPS4. Le mélange entre la verticalité, les zones accessibles en plusieurs temps, les défis parfois loufoques et les tricks de précision en fait un terrain de jeu passionnant. Je me suis surpris à y revenir des heures durant, juste pour tenter un combo « impossible », en perfectionnant mon timing. Ce genre de level design, c’est de l’orfèvrerie.
Performances techniques : un grind fluide sur tous les supports
Sur PS5, le jeu tourne à 60 images par seconde en 4K native avec des temps de chargement quasi inexistants. C’est fluide, net, réactif, et on sent que le moteur utilisé pour THPS 1+2 a été encore optimisé. Les textures sont fines, l’éclairage naturel, et les animations encore plus crédibles. Sur Xbox Series, même constat, avec peut-être un brin de contraste plus marqué dans les ombres.
Sur Nintendo Switch, forcément, le résultat est un peu en retrait : 30 fps verrouillés, définition réduite, quelques textures simplifiées. Mais le cœur du gameplay est intact. Et pour une console portable, faire tourner deux monuments du skate dans la poche, avec une telle fluidité, reste une prouesse.
Les effets sonores ont également été retravaillés : le bruit du grind sur métal, la réception sur bois, les chutes… tout sonne plus réaliste sans trahir le style arcade du jeu. Les vibrations haptiques sur DualSense sont subtiles mais efficaces, notamment lors des reverts ou des manuals risqués. Le jeu tire parti des technologies modernes sans les surutiliser.
Une bande-son à faire frissonner les genoux
C’est un point central, presque sacré pour les fans. Et Vicarious Visions l’a bien compris : les musiques originales de THPS 3 et 4 sont presque toutes là. J’ai retrouvé avec émotion les riffs de Motorhead, les envolées punk de CKY, les beats de KRS-One et les classiques de Del the Funky Homosapien. Ces titres sont indissociables de mes souvenirs de joueur ado, casque sur les oreilles, manette en main.
Mais le jeu ne se contente pas de capitaliser sur la nostalgie. Il ajoute aussi une vingtaine de morceaux plus récents, avec des artistes comme IDLES, Nova Twins, ou encore H09909. L’ensemble est cohérent, pêchu, parfaitement intégré à l’action. On peut d’ailleurs créer sa propre playlist, désactiver certains titres ou activer un mode « shuffle » dynamique selon les tricks réalisés. Brillant.
Créer son skateur… et son terrain d’expression
Le mode Create-A-Skater est de retour, et il est plus riche que jamais. On peut tout personnaliser : coupe de cheveux, morphologie, tatouages, genre, style vestimentaire… Le tout avec des marques sous licence (Vans, Element, Powell-Peralta, etc.). Et le système de progression permet de débloquer de nouvelles pièces cosmétiques à mesure qu’on score. Pas de microtransactions ici, et c’est une excellente chose.
Mais c’est surtout le Create-A-Park qui impressionne. Je m’y suis perdu pendant des heures. L’éditeur de niveaux est bien plus intuitif que dans les anciens opus. On peut placer des modules, jouer avec les angles, créer des rampes à plusieurs niveaux, ajuster la gravité, ajouter des éléments dynamiques… et partager ses créations en ligne. Une vraie communauté de créateurs s’est déjà formée, avec des parks thématiques, réalistes ou totalement absurdes. De quoi renouveler l’expérience à l’infini.
Un multijoueur à l’ancienne… modernisé
Quand on parle de Tony Hawk, on pense aussi à ces après-midi entre potes à se défier en split-screen sur la télé cathodique. Et c’est un vrai plaisir de retrouver cette ambiance ici. Le jeu propose du multijoueur local en écran partagé à deux joueurs, avec tous les modes classiques : trick attack, graffiti, tag, horse… C’est convivial, immédiat, et ça fonctionne parfaitement.
Mais là où le remake impressionne, c’est sur son versant en ligne. Matchmaking rapide, système de classement mondial, filtres par score ou par région, lobby personnalisables… on sent que le online a été pensé dès le départ. On peut affronter jusqu’à 8 joueurs, rejoindre des salons libres ou défier des amis. Le tout avec un netcode propre et sans latence sur mes sessions test (connexion fibre).
Le crossplay entre PS5 et Xbox fonctionne bien, même si la version Switch est limitée à son propre écosystème. Une application compagnon est prévue pour suivre ses stats, ses meilleurs runs, et consulter les parks créés. Le jeu devient ainsi une vraie plateforme communautaire, à la croisée du sport extrême et du jeu social.
Des petits graviers sur la route
Le bilan est globalement excellent, mais quelques points viennent légèrement éroder la perfection. Tout d’abord, certains menus manquent de clarté. L’interface très inspirée de THPS 1+2 Remake manque parfois d’identité propre. On aurait aimé quelques nouveautés dans la navigation, ou une ergonomie plus fluide notamment dans l’éditeur de parks.
Ensuite, quelques bugs de collision ou de clipping subsistent, notamment sur certaines maps complexes (comme l’université ou la carrière de THPS4). Rien de dramatique, mais quand on vise le combo parfait à 200.000 points, un rebond hasardeux peut briser l’élan et la patience. On note aussi des temps de chargement un peu longs sur Switch, et quelques ralentissements en mode docké.
Enfin, certains joueurs regretteront l’absence de contenu totalement inédit. Il ne s’agit pas ici d’un nouvel opus, mais bien d’un remake fidèle, augmenté. Si vous attendiez une révolution ou des niveaux originaux, vous risquez une légère déception. Mais à ce jeu-là, le titre ne ment pas : il célèbre deux légendes, sans les trahir.
Tony Hawk : une icône vidéoludique et générationnelle
Il faut se rappeler à quel point Tony Hawk’s Pro Skater a marqué toute une génération de joueurs — et même au-delà. À une époque où le sport extrême n’avait pas encore sa place sur toutes les chaînes Twitch et les comptes TikTok, THPS a démocratisé le skate auprès d’un très large public. Il a donné une visibilité à des riders réels, fait exploser les ventes de planches, et surtout… il a inspiré. Inspiré à créer, à s’exprimer, à expérimenter.
En rejouant à ces deux volets aujourd’hui, je me rends compte de la finesse de leur design. Chaque map, chaque combo possible, chaque choix musical contribuaient à faire du joueur non pas un spectateur ou un compétiteur, mais un artiste. À une époque où la majorité des jeux étaient rigides ou scénarisés, THPS nous offrait une scène, une planche, et la liberté d’inventer notre propre style.
Un retour pertinent en 2025
La culture skate est revenue sur le devant de la scène ces dernières années. Que ce soit à travers des séries comme « Betty », des figures publiques engagées, ou la montée du skate féminin et queer sur la scène mondiale, l’univers de la glisse est redevenu un terrain de liberté et de représentation. Et dans ce contexte, revoir Tony Hawk revenir au sommet vidéoludique a un vrai sens.
Ce remake n’est pas juste une opération nostalgie. Il parle aussi à une nouvelle génération, née avec Fortnite et le Game Pass, et qui découvre ici un gameplay exigeant, précis, mais gratifiant. À une époque où l’on parle beaucoup de créativité, de fluidité, de liberté dans les jeux, THPS 3+4 rappelle que l’arcade peut être un terrain d’expression d’une richesse folle.
C’est un jeu qui célèbre l’individu, pas dans un mode carrière narratif à la sauce RPG, mais dans sa capacité à trouver sa ligne, à construire son propre run, à danser sur la map comme sur une scène. Et c’est peut-être là, plus que dans ses graphismes ou ses tricks, que réside sa modernité.
Verdict final : un grind d’excellence
J’ai replongé dans ces deux monuments du skate avec autant de plaisir qu’à l’époque. Et pourtant, je ne suis plus le même joueur. Moins de réflexes, plus de recul. Et pourtant… la magie opère. Parce que Tony Hawk’s Pro Skater 3 + 4, dans cette version remasterisée et sublimée, reste l’un des meilleurs exemples de ce que peut être le plaisir immédiat dans un jeu vidéo : précis, rapide, profond et généreux.
Le jeu est une déclaration d’amour au level design old school, à la musique énervée, au jeu sans barrière. Et dans une industrie parfois trop obsédée par la narration ou les mondes ouverts géants, il offre un rappel salvateur : il suffit parfois de deux minutes, d’un rail, et d’un flip bien senti pour créer un moment inoubliable.
Notre verdict final : 92 %
Tony Hawk’s Pro Skater 3 + 4 est une réussite magistrale. Une compile qui respecte son héritage tout en se réinventant, avec des sensations modernisées, un contenu dense, une finition impeccable et une vraie pertinence culturelle. Les fans seront aux anges, les néophytes tomberont sous le charme. Mission réussie.
FAQ
Quand sort Tony Hawk’s Pro Skater 3 + 4 ?
La sortie est prévue pour octobre 2025 sur PS5, Xbox Series, Nintendo Switch et PC.
Peut-on jouer en ligne ou en local ?
Oui. Le jeu propose du multijoueur en ligne (jusqu’à 8) et du coop local en écran partagé.
Les musiques originales sont-elles présentes ?
Oui. L’intégralité de la bande-son culte de THPS 3 et 4 est de retour, avec des ajouts modernes cohérents.