Test Project Motor Racing (PS5) : une simulation ambitieuse qui manque encore d’âme

Project Motor Racing (PS5) : un simulateur ambitieux mais encore trop inachevé

Sur le papier, Project Motor Racing avait tout pour faire rêver les fans de simracing sur console. Des vétérans de la simulation aux manettes, des catégories mythiques, une piste dynamique annoncée comme révolutionnaire et la promesse d’un vrai retour du réalisme sur PS5. Manette en main, la réalité est plus nuancée, parfois enthousiasmante, souvent frustrante, et laisse un sentiment étrange : celui d’un jeu sérieux, ambitieux, mais encore loin d’avoir trouvé son souffle.

Dès le lancement, Project Motor Racing donne pourtant envie d’y croire. Les menus sont sobres, l’ambiance sonore sérieuse, les premières voitures alignées dans le garage affichent des courbes qui font briller les yeux des passionnés. La réalisation respire une certaine rigueur, presque une forme de respect pour le sport automobile que le jeu veut mettre en scène. On choisit sa première voiture, on charge un circuit iconique, on serre la manette ou le volant et on se prépare à découvrir ce que Straight4 Studios a dans le ventre.

Les premiers tours de roues installent d’emblée le ton : Project Motor Racing ne cherche pas à flatter le joueur comme un arcade survitaminé. La voiture ne part pas dans tous les sens, mais elle ne se conduit pas non plus du bout des doigts. On sent qu’il faut prendre le temps d’apprendre, de comprendre les réactions, de respecter la piste. Sur le principe, c’est exactement ce qu’on attend d’une simulation moderne. Mais très vite, un autre sentiment s’invite au volant : celui d’une expérience qui semble s’autocensurer, comme si le jeu gardait constamment une partie de ses sensations pour lui.

Un moteur physique ambitieux, mais une conduite qui reste trop sage

Au cœur de Project Motor Racing, il y a Hadron, un moteur physique présenté comme le fruit de vingt ans d’expérience en simulation. Le studio revendique un travail main dans la main avec des pilotes professionnels, de la télémétrie réelle, une prise en compte fine de la température des pneus, de l’usure et des conditions de piste. Sur le papier, difficile de faire plus séduisant. On imagine déjà des voitures au comportement unique, qui respirent, se dérobent et se rattrapent avec une logique implacable.

En pratique, le résultat est plus mitigé. La conduite repose sur une base cohérente : les voitures ne réagissent pas de façon absurde, les freinages trop optimistes se payent, les sorties de trajectoire se ressentent immédiatement. On sent que la simulation veut rester sérieuse. Mais au lieu de transmettre une tension palpable au volant, Project Motor Racing donne parfois l’impression de rester coincé dans une zone de confort un peu trop contrôlée. Les réactions sont prévisibles, parfois trop. Les voitures semblent enfermées dans un cadre rigide qui limite les surprises, les vibrations, les petites irrégularités qui donnent justement du caractère à une simulation.

Sur PS5, la sensation est renforcée par une DualSense sous-exploitée. Les vibrations sont présentes, mais manquent de finesse. Le retour haptique ne différencie pas vraiment un freinage sur le fil d’un freinage raté, une reprise de grip subtile d’une simple correction de trajectoire. On sent bien que quelque chose se passe sous la voiture, mais difficile de comprendre précisément quoi. La manette devient un simple relais d’information basique, là où elle pourrait être un véritable prolongement de la voiture.

Avec un volant, la conduite gagne naturellement en précision, mais tout n’est pas réglé pour autant. Le retour de force varie d’une voiture à l’autre et même d’un circuit à l’autre, avec des zones parfois trop molles et d’autres au contraire trop cassantes. On ressent les bosses, certains transferts de masse, quelques pertes d’adhérence, mais rarement avec la progressivité qu’on attend. La communication entre la voiture et le pilote existe, mais elle reste incomplète, comme si la moitié du message se perdait en route.

Le paradoxe, c’est que Project Motor Racing ne manque pas d’idées pour enrichir sa physique. Son système True2Track, qui fait évoluer la piste tour après tour, est une vraie bonne idée. La ligne de course se couvre progressivement de gomme, la chaleur peut rendre certaines zones plus glissantes, la pluie modifie réellement les points de freinage et de passage en courbe, les flaques et les marbles obligent à réfléchir à ses trajectoires. En théorie, c’est exactement ce qu’on rêve de voir dans une simulation moderne.

Mais là encore, le problème est moins dans les mécanismes que dans la traduction au volant. La piste vit, mais le joueur ne la ressent pas toujours assez. Les nuances existent, mais elles demandent un niveau d’attention élevé, voire un équipement simracing complet pour être pleinement perceptibles. Sur PS5, assis dans un canapé avec une manette entre les mains, on a souvent l’impression d’avoir une version atténuée de ce que le jeu est capable de produire.

Une carrière réaliste dans l’intention, mais fade dans le ressenti

Là où beaucoup de jeux de course misent aujourd’hui sur le spectacle, les cinématiques et les rivalités scénarisées, Project Motor Racing prend le contrepied et assume un ton plus sec, plus réaliste. Sur le principe, l’idée est séduisante : vous créez votre écurie, choisissez la région du monde où installer votre QG, définissez votre budget de départ, négociez un modèle de sponsoring, puis vous lancez votre carrière avec l’objectif de gravir les échelons du sport automobile.

Les mécaniques de base sont plutôt bien pensées. Installer son QG en Europe réduit le coût des catégories européennes mais complique l’accès à certains championnats étrangers, et inversement. Les différents modèles de sponsoring changent la manière dont vous gagnez de l’argent : prime fixe à chaque course, bonus basé sur les résultats, rémunération calculée sur la catégorie de la voiture, etc. Sur le papier, on se rapproche davantage d’une carrière de pilote-gérant que d’un simple enchaînement de courses.

Malheureusement, cette richesse conceptuelle ne se traduit jamais vraiment en émotion. La carrière de Project Motor Racing ressemble davantage à un tableur déguisé qu’à une aventure sportive. On choisit ses courses, on encaisse les gains, on achète une voiture plus compétitive… et c’est tout. Il n’y a pas de mise en scène, pas de rivalité marquée, pas de moment qui sort de la routine. Les menus sont clairs, lisibles, mais aussi extrêmement froids. On navigue, on valide, on enchaîne, sans jamais avoir ce petit frisson qui donne envie de relancer une saison immédiatement.

Le jeu donne parfois l’impression d’avoir été pensé avant tout comme un cadre, un squelette dans lequel le joueur est invité à projeter lui-même son propre récit. C’est une approche qui peut séduire les puristes, mais qui laisse beaucoup de monde sur le bord de la route, surtout sur console. Quand on voit ce que proposent aujourd’hui certains concurrents en matière de mode carrière, difficile de ne pas juger Project Motor Racing en retrait.

Pire encore, la carrière accentue certaines limites de la conduite. Dans un jeu où chaque décision financière devrait avoir du poids, on aimerait que chaque course raconte quelque chose. Ici, même une victoire nette se résume à une ligne dans un tableau de résultats. On ne bâtit pas un récit de saison, on gère juste une succession de courses. C’est propre, mais terriblement neutre.

En cockpit, la lisibilité est au rendez-vous, mais la progression en carrière manque d’envol.

Un contenu honnête, mais en retrait face aux références du genre

Côté contenu, Project Motor Racing se situe dans une zone grisâtre entre suffisant et décevant. Avec environ 70 voitures réparties dans plusieurs catégories prestigieuses (LMDh, GT3, GT4, Group C, GT1, etc.), le jeu propose un garage qui a de la gueule. On retrouve des modèles emblématiques, des GT modernes agressives et quelques légendes capables de faire briller les yeux des puristes. Pour un premier épisode, ce n’est pas ridicule.

Le problème, c’est qu’en 2025, on ne joue plus dans le même championnat que lors de la sortie du premier Project CARS. Certains concurrents affichent des listes de voitures qui donnent presque le tournis. Sans aller chercher l’overdose, Project Motor Racing donne le sentiment d’offrir un peu juste ce qu’il faut, là où l’on attendait un coup de volant plus ambitieux. On a de quoi s’amuser, oui, mais pas vraiment de quoi se perdre des dizaines d’heures à simplement explorer les garages.

Les 18 circuits disponibles, étendus à 28 configurations, suivent la même logique. On retrouve les grands classiques incontournables, les tracés qui parlent immédiatement à n’importe quel joueur de simracing. Spa, Nürburgring, Daytona… tout cela fonctionne, mais ne surprend jamais. Les circuits sont bien modélisés, les trajectoires lisibles, les zones de freinage crédibles, mais l’ensemble manque là encore de grain, de personnalité, de ces petits détails qui font qu’on a envie de revenir sur un tracé précis juste pour son ambiance.

Le jeu mise beaucoup sur le modding pour enrichir ce contenu, et l’idée de pouvoir voir arriver des circuits et des voitures supplémentaires créés par la communauté est enthousiasmante, surtout sur PC. Mais sur PS5, la réalité est plus contrainte : l’arrivée des contenus dépendra de validations, d’une certaine sélection et d’un écosystème qui reste à construire. Au moment du test, Project Motor Racing ressemble donc davantage à une base en attente de densité qu’à une proposition complète.

Beau sur PS5, mais pas assez fluide pour une vraie référence simracing

À chaque lancement de course, Project Motor Racing rappelle que Straight4 Studios sait mettre des voitures en valeur. Les modèles 3D sont détaillés, les carrosseries captent bien la lumière, les textures sont nettes sans jamais verser dans la surenchère artificielle. Les cockpits sont crédibles, lisibles, et l’on retrouve ce plaisir très particulier qui consiste à observer chaque détail du volant, du tableau de bord, des compteurs qui s’animent pendant la course.

Les circuits, eux aussi, profitent d’une réalisation propre. Les reliefs sont bien définis, les bordures lisibles, les vibreurs correctement intégrés. Certains panoramas fonctionnent très bien, notamment au lever ou au coucher du soleil, où la lumière donne parfois un peu plus de caractère à des environnements autrement assez neutres. La météo dynamique apporte un supplément de crédibilité en modifiant l’atmosphère visuelle de la course, même si certains effets de pluie ou de reflets manquent encore de naturel.

Là où la version PS5 déçoit davantage, c’est sur le plan de la fluidité. Pour un jeu de course qui revendique la simulation, viser un framerate autour de 30 images par seconde avec des variations ponctuelles est un choix difficile à défendre. On ne parle pas d’un jeu de gestion ou d’une aventure narrative, mais d’un titre où chaque milliseconde compte. La sensation de contrôle, de précision, de connexion aux trajectoires se dilue dès que l’image perd en constance.

Sur certains circuits, dans certaines conditions, Project Motor Racing reste jouable, mais sans jamais atteindre ce niveau de fluidité qui permet d’oublier la technique et de se consacrer uniquement à la conduite. Au contraire, on garde constamment en tête cette petite rugosité visuelle qui vient parasiter le ressenti. À l’heure où d’autres simulations sur console proposent des modes 60 images par seconde bien ancrés, difficile de ne pas considérer la version PS5 de Project Motor Racing comme en retrait.

On pourra se consoler avec un design sonore plutôt réussi. Les moteurs sonnent bien, les montées en régime racontent quelque chose, et certains départs de course ont cette énergie qui donne envie d’enfoncer la pédale un peu plus que de raison. Mais une bonne bande-son ne suffit pas à masquer les limites de la fluidité et de l’exploitation des capacités de la console.

Une IA trop robotique pour créer de vraies batailles en piste

Sur le papier, Project Motor Racing veut simuler le sport automobile, pas seulement l’acte de conduire. Cela suppose des adversaires crédibles, capables de défendre, d’attaquer, de commettre des erreurs, de forcer le joueur à prendre des décisions en temps réel. Dans l’état actuel, l’IA du jeu ne parvient pas à remplir ce rôle.

Les adversaires suivent des trajectoires très propres, parfois trop. Ils donnent le sentiment d’être guidés par une ligne invisible qu’ils suivent coûte que coûte, quoi qu’il se passe autour d’eux. On peut les gêner, se placer à l’intérieur, les pousser presque à commettre une faute : ils reviennent imperturbablement sur leur rail virtuel, sans tenir compte de la logique humaine ou du danger immédiat.

Le résultat, c’est une illusion de course qui ne prend jamais vraiment. Les dépassements manquent de tension, les défenses de spontanéité, les pelotons de vie. On ne se sent pas vraiment engagé dans un duel contre un autre pilote, mais plutôt en train de chercher la meilleure façon de contourner un comportement algorithmique trop rigide. Et dans un jeu qui se veut sérieux, cette dissonance pèse lourd sur le plaisir global.

On peut espérer que des mises à jour futures viendront corriger ces problèmes et donner plus d’humanité à l’IA. Mais au moment du test, Project Motor Racing ne propose pas encore ce niveau de combat en piste qu’on attend d’une simulation qui vise les puristes comme les passionnés plus occasionnels.

Un multijoueur solide dans la forme, limité dans le fond

Côté multijoueur, Project Motor Racing surprend plutôt positivement dans un premier temps. Les connexions sont stables, les courses s’enchaînent correctement, les problèmes de lag restent rares et l’ensemble donne le sentiment d’être techniquement bien tenu. Pouvoir retrouver d’autres joueurs sur des grilles remplies de GT ou de prototypes a quelque chose d’immédiatement grisant, surtout pour celles et ceux qui aiment se confronter à de vrais humains plutôt qu’à une IA capricieuse.

Mais là encore, le jeu finit par buter sur ses propres limites. Une fois l’effet “c’est fluide en ligne” passé, on retrouve les mêmes sensations mitigées que dans les autres modes. La physique trop sage, le retour d’information incomplet, les réactions parfois étranges des voitures rendent les batailles roues dans roues moins satisfaisantes qu’elles pourraient l’être. On se bat contre les autres joueurs, oui, mais on se bat aussi contre le manque de lisibilité de la voiture.

Le système de matchmaking et la structure globale du multi ont un vrai potentiel, surtout si le jeu continue de recevoir des mises à jour et si la communauté s’installe durablement. Mais tant que les sensations de conduite ne seront pas plus nettes, plus expressives, le multijoueur restera un espace frustrant, où l’on devine ce que Project Motor Racing pourrait être sans jamais le toucher complètement.

Verdict final : un premier tour de piste prometteur, mais trop brut pour marquer

Project Motor Racing est un jeu paradoxal. Il a tout ce qu’il faut pour plaire sur le papier : un moteur physique ambitieux, une piste qui évolue dans le temps, une carrière inspirée du réel, un contenu clair, des modèles de voitures séduisants, un multi sérieux et un studio qui, visiblement, sait où il veut aller. Mais une fois sur la piste, surtout sur PS5, l’ensemble ne prend pas encore la dimension espérée.

La conduite est cohérente, mais trop sage. La carrière est structurée, mais fade. Le contenu est honnête, mais limité. La technique est propre, mais pas assez fluide. L’IA remplit un rôle fonctionnel, mais pas émotionnel. On sent la matière brute d’une bonne simulation, sans le polissage ni la personnalité qui transformeraient ce cadre en expérience marquante.

Au final, Project Motor Racing donne davantage l’impression d’être une base de travail qu’un aboutissement. Un jeu qui pourra, peut-être, devenir bien plus intéressant avec le temps, les patchs, les retours de la communauté et l’ajout de contenu. Mais dans l’état, sur PS5, il peine à justifier son prix face à une concurrence déjà très installée et souvent mieux maîtrisée.

Note EssentielActu : 60 / 100
Une simulation sérieuse et ambitieuse, mais encore trop incomplète et trop froide pour s’imposer comme une référence sur PS5. À surveiller dans la durée si le studio poursuit le travail, mais à aborder avec prudence au lancement.