Test A Way out, la prison c’est vraiment mieux à deux ?

A Way Out, sorti le 23 mars, nous projette dans les années 80, pour nous narrer une bien belle histoire : celle de Vincent et Leo, deux repris de justesse, qui se retrouvent dans une course-poursuite infernale. Vengeance, amitié, prison, l’univers de A Way Out va vous en faire voir…

Test A Way out, la prison c’est vraiment mieux à deux ?

La folle cavale de Vincent et Leo

Haa la prison ! Si l’univers carcéral a toujours fait fantasmer. Il a toujours été plus compliqué d’en sortir que d’y rentrer, et c’est justement le point de départ de l’expérience que vous propose A Way Out, de chez Hazelight Studios (Tale of Two Brothers). Edité chez EA, pour PC, Ps4 et One, depuis le 23 mars 2018, l’accent est plus que mis sur la collaboration, car le soft se joue uniquement en coopération, locale ou online. Un choix certes radical, mais qui est l’essence même du titre : vous ne vous en sortirez pas seul. Rien n’est possible sans aide, et cela implique un solide partenariat, si vous voulez vous sortir de la mouise. Et à ceux qui crierait déjà à la vente forcée, sachez que même pour jouer en ligne avec un ami, vous n’aurez besoin que d’une copie du jeu. Alors, c’est pas la fête ?

Vincent et Leo vont vivre une aventure mouvementée ! Comme ici, ou nos deux compères doivent s’attraper la main, pour éviter à Vincent une chute mortelle. Le rafting, c’est bien… Bien dangereux !
GIVE ME FIIIIIIIIIIVE !!

Une ambiance originale et immersive

C’est l’histoire de Leo et Vincent, deux repris de justesse (cf Coluche), condamnés à des longues peines, avec en toile de fond les problématiques de l’époque et d’autres plus larges. On va suivre leur évasion, leur cavale, et se mêleront les notions de paternité,d’amitié, de devoir… et de trahison. Et croyez-moi, ces deux lascars n’ont pas la vie de Jean-Michel Chiant.

L’action se passe dans les années 80, marquées par la guerre du Vietnam ; le contexte est assez dépaysant : La mode est aux rouflaquettes et les thèmes de l’époque sont revisités, on se plaira à le découvrir au fur et à mesure. Une belle histoire, prenante, crédible, une belle aventure à savourer en bonne compagnie. Et une fin… surprenante, déroutante et inspirée.
Des personnages stéréotypés volontairement, mais charismatiques, authentiques, attachants et crédibles.

Les premières minutes de A Way Out se déroulent en prison. On y retrouve immédiatement de nombreuses activités ludiques et gratifiantes, comme sécher sur un banc, ou montrer son cul à toute la prison, pendant qu’un maton vous asperge de flotte...
Une entrée en matière sans équivoque : on est en galère !

Les influences sont nombreuses, et empruntent grandement au cinéma. Dès les premières minutes, les qualités narratives et la mise en scène, annoncent du très lourd. On nous propulse directement dans l’intimité de nos deux héros, et leur glaciale réalité. Nos deux énergumènes sont pris à la gorge, et comme tout bonhomme poussé dans ses retranchements, la fin justifie les moyens…

L’infiltration fait partie de l’aventure, et vous devrez parfois faire diversion, pour que votre allié puisse progresser. C’est toujours relativement simple, mais plaisant.
Petit exemple de la nécessité d’être raccord avec son partenaire

Même si A Way Out n’est pas un AAA, il offre une réalisation vraiment léchée, et un souci du détail omniprésent. Le moteur fait vieillot, mais le rendu est plus que correct, d’autant qu’il ne faut pas oublier que même en ligne, l’écran est splitté… Le framerate est débloqué sur ps4 Pro et One (30 fps sur la version classique de la console de Sony). Enfin, le jeu ne prend pas en charge le HDR. Vous aurez compris que si les performances graphiques sont tout à fait honorables, l’ambition n’est pas de s’imposer comme la claque technologique ultime. L’intérêt du soft se trouve ailleurs. Même si encore une fois, certains décors sont vraiment jolis, et nos personnages bien modélisés.

Pendant que Vincent prend la vie du bon côté, en se tenant en équilibre sur un fauteuil roulant, Leo fait la connaissance d’une patiente pas très raisonnable… Ce passage à l’hôpital se clôt par une folle poursuite dans les couloirs. Un très bon passage, et un gros clin d’oeil au film Old Boy notamment...
On trouve légèreté et gravité, dans A Way Out

Un gameplay qui n’invente rien, mais efficace

A Way Out puise dans de nombreux mécanismes déjà vus auparavant, mais on nous les distille avec intelligence. Le gameplay bien que manquant de profondeur, est varié, accessible, intuitif, épuré. Les déplacements à pied sont un poil raide (à la GTA), mais on s’y fait très bien. On rencontrera de petites énigmes pas bien méchantes. Outre la foule d’interactions avec le décor, il y en aura vraiment pour tous les goûts : action, infiltration, exploration, des choix, des passages avec véhicules épiques (très réussis et intenses), pêche, tyrolienne, couper du bois, dessiner des moustaches sur un portrait de famille, jouer du banjo… L’univers est relativement riche, et on s’y immerge très rapidement et avec grand plaisir.

Dans cette fermette bien mignonne, vous devrez réparer un véhicule pour vous enfuir. Un passage d’exploration et d’énigmes très sympathique, au cours duquel néanmoins, nous avons eu un bug… Je laisse faire tout le boulot à mon équipier, pendant que je suis en grande conversation avec une vache normande… Parce qu’une cavale doit aussi comporter des moments de vie.
Pendant Que l’acolyte Soulcrye (merci à lui), s’échine à avancer, j’interroge les habitants…

Un condensé des éléments qui plaisent généralement dans le jeu vidéo, et qui pourraient apparaître comme des clichés si ça n’était pas maîtrisé. Mais là, c’est juste efficace et bien amené… Nombres de critiques s’évertuent à condamner les intolérables stéréotypes du jeu, qui ne copie pas, mais rend hommage et assume largement son classicisme : la volonté étant de faire partager ce à quoi on aime jouer d’habitude, mais à deux. Pour ceux qui n’auraient pas compris la démarche, de produire un jeu typique, aux codes bien définis, un peu comme un Crossing Souls, sont j’estime, passés à coté de A Way Out. Je trouve personnellement la synthèse de tout ce que le cinéma et le jeu vidéo nous ont amenés en 30 ans, ambitieuse, honorable, et réussie. A vous de vous faire votre opinion sur ce point.

La scène de la grue est marquante, car déjà vue mille fois, mais très bien exploitée. Encore une fois la nécessité d’être deux pour en voir le bout. Notre lascar ne se laisse pas faire, même après une poursuite effrénée. Parfois, un des écrans prend plus de place, pour signaler un événement important.
Tellement classique, mais tellement bien fait…

A Way Out est linéaire et scripté, mais diablement bien écrit. Là aussi on s’appuie sur le déjà-vu, pour le transposer en coopé, et le transcender. Pas mal de petits dialogues, que l’on peut tout à fait éviter, mais qu’on se délectera d’aller chercher. L’action et la mise en scène montent crescendo.

Après lui avoir cavalé après, c’est le moment de lui poser quelques questions : à l’aide de pistolet à clous, pied de biche… Vous aller pouvoir laisser éclater votre créativité et votre sadisme en même temps, dans cette scène. Amusez-vous bien !
A vous de choisir avec quels outils vous allez interroger monsieur moustache. Et ça ne va pas lui plaire…

La vie, c’est mieux à 2.

La colonne vertébrale de A Way Out, vous l’avez compris, c’est le binôme. Le fait que le jeu ne puisse se jouer qu’à deux suffit à comprendre : synchronisation, coordination, complémentarité, seront les maîtres mots. Qu’il faille surveiller pendant que l’autre effectue une tâche délicate, faire la courte échelle ou diversion, rattraper l’autre en vol… Vous aurez toujours besoin l’un de l’autre, et il faudra accorder vos violons, pour vous sortir d’affaire.

Dans la deuxième partie du jeu, les armes à feu font leur apparition. Vous aurez alors, pendant un bref instant, le loisir de couvrir votre équipier au sniper. Et à l’instar de toutes les séquences du jeu, celle-ci est brève, relativement intense, et amenée intelligemment.
Les gunfights ne sont pas nombreux, mais s’accordent parfaitement avec l’aventure.

D’ailleurs, parmi les nombreuses interactions, vous pourrez jouer aux fléchettes, au puissance 4, sur une borne d’arcade… Toujours avec ce souci de renforcer les liens entre nos deux compères, illustrer cette fraternité qui se créé… et se fendre la gueule sur les petites choses de la vie. Pendant les phases de recherches, de dialogues, ou d’action, on scrutera des yeux sans cesse les deux écrans. C’est comme ça que A Way Out « se consomme » : il est à mi-chemin entre jeu vidéo et film interactif à deux points de vue (et parfois plus).

A peine sortis de prison, nos fugitifs se voient dans l’obligation de faire un casse. Après avoir coupé le téléphone, et fait cracher le code du coffre, vous devrez prendre la fuite en voiture. Ici comme souvent dans A Way Out, l’écran est divisé en trois, pour narrer plusieurs situations simultanées.
L’influence du cinéma est omniprésente

Quel plaisir de redécouvrir les joies du local, mais en ligne : pouvoir suivre en temps réel la progression de son compagnon ferait parfois presque oublier qu’on ne joue pas dans la même pièce. Pas une once de lag. Quelques bugs pas bien méchants. C’est une vraie belle expérience que nous propose Hazelight Studio. Et comme si ces messieurs n’étaient pas assez bons princes, ils poussent le concept du partage jusqu’à faire bénéficier n’importe qui armé d’un abonnement Ps Plus (ps4), ou un compte EA(Pc), de pouvoir profiter du passe ami. Ce dernier vous permet de jouer intégralement et gratuitement à A Way Out, à condition d’avoir un ami qui achète le jeu, et vous invite… Une copie pour deux joueurs, c’est plus que généreux (à noter que le joueur invité ne débloque pas de trophée).

Le passage en chute libre illustre bien le jeu dans son ensemble : C’est court mais intense, noir dans le fond mais léger dans la forme… Et encore un moment ou il est impératif d’être deux...
Encore un moment bien fun !

La difficulté est plutôt bien dosée, mais vous ne pourrez pas en changer. Il arrive de se planter, mais la progression est plutôt fluide, et il n’y a pas de vrai challenge, si on se concentre un minimum. Le but du soft étant de vous faire vivre un moment de partage agréable, et pas de vous faire manger votre manette.
Au niveau durée vie : on a le sentiment que c’est court, on en voudrait plus, mais comptez 7-8 heures pour finir le jeu. C’est très honnête, d’autant que la rejouabilité est là, ne serait-ce que pour essayer les deux personnages, mais également pour essayer les diverses façons d’agir à certains embranchements scénaristiques (méthode Léo ou méthode Vincent), et découvrir les différentes fins… Et pour le faire découvrir et partager, car il mérite vraiment le détour.

De très nombreuses interactions et mini-jeux sont disponibles dans A Way Out : ici, le puissance 4 ! On sera tous d’accord qu’après la chute libre, on descend d’un cran dans le fun, et pourtant : tous ces petits moments apportent une vraie valeur ajoutée à l’aventure. L’immersion en est renforcée, et le lien entre nos deux héros se renforce ; le lien avec le joueur avec qui vous ferez le jeu également...
Haaaaa ! Les attentes à l’hôpital…

La durée de vie n’est pas gonflée avec des collectibles ou autre ficelle artificielle. Tale of Two Brothers était fait dans le même esprit : une expérience courte, mais riche et intense, généreuse.
Enfin, n’attendez pas d’extension, les développeurs semblent avoir un autre bébé en préparation, et donc d’autres priorités… Et vu leur volonté de nous pondre à chaque fois des œuvres perfectibles, certes, mais atypiques et belles, on ne peut que se languir de leur prochain projet !

Les + A way out

  • Seulement une copie du jeu pour deux joueurs(!)
  • la coopé à l’honneur
  • L’histoire et l’ambiance, réussies
  • Gameplay varié, accessible, intuitif, épuré
  • fraîcheur, identité, prise de risques
  • Même expérience en local et online

Les – A way out

  • moteur un peu daté
  • Trop linéaire ?

Conclusion et note pour A way out : 16/20

Si rares sont les jeux qui mettent l’accent sur la coopé, encore plus rares sont ceux qui parviennent à apporter une expérience vraiment réussie. Mais c’est le cas de A Way Out.
C’est un vrai cadeau, fait avec le coeur, que nous font Hazelight Studios. Une œuvre généreuse, vraie, puissante, que l’on pourra partager gratuitement avec qui bon nous semble… Si la logique commerciale n’est pas forcément évidente, en revanche, la démarche artistique et sociale est admirable. N’hésitez pas : A Way Out est prenant, bien écrit, apporte un vrai courant d’air frais, en se payant le luxe de nous faire vivre tout un tas de choses en quelques heures. Vous ne vous ennuierez pas, et vous aurez sans doute envie d’y revenir, pour essayer les deux personnages, ou atteindre vos objectifs différemment. Une petit perle qui vaut largement son prix, et qui mérite vraiment le détour. Appel aux développeurs : des jeux comme ça, on en veux plus !

Article rédigé par Echap

Le scénario réserve de belles surprises, et des rebondissements. Ici nos deux comparses semblent se faire enfin capturer par les forces de police. Cette phase du jeu se montre immédiatement plus sombre...
La fin réserve quelques surprises…