Ah Batman…Adieu Michael Keaton, Tim Burton… Depuis maintenant plus de 10 ans, le personnage créé par Bob Kane aura gagné en noirceur, tout d’abord sous l’œil avisé du réalisateur Christopher Nolan puis sous les mains expertes des développeurs de chez Rocksteady qui ont toujours voulu inscrire leur travail dans la continuité de celui de Nolan. En 2009, Batman Arkham Asylum en a surpris plus d’un avec une mise en scène exceptionnelle et un gameplay extrêmement riche. En 2011, Arkham City est venu enfoncer le clou en proposant une pléiade de personnages. C’est donc avec énormément d’impatience que les fans de l’homme chauve-souris attendaient que le studio britannique reprenne du service pour clôturer en beauté, ou pas, une trilogie vidéo ludique déjà culte.
La peur qui fait même pas peur
Batman Arkam knight débute avec la crémation du Joker, oui je sais c’est triste mais ne vous inquiétez pas…Chut… Dans cet ultime opus, l’épouvantail projette d’instaurer la peur dans tout Gotham grâce à sa toxine, fort heureusement l’officier Gordon et les hommes du GCPD parviennent à évacuer la ville et avertir le grand Batman avant que tête de sac ne parvienne à ses fins. Vous n’aurez donc qu’une nuit pour retourner la situation à votre avantage, ce qui ne sera pas si simple car l’épouvantail a rallié bon nombre de vos ennemis jurés à sa cause, ainsi qu’un étrange individu masqué qui se fait appeler le chevalier d’Arkham et dont vous devrez découvrir l’identité. Bien que le scénario soit basique c’est avant tout le manque de charisme des supers-vilains qui vient plomber l’expérience de jeu.
L’épouvantail, beaucoup plus intéressant dans Arkham Asylum, est ici sous exploité… Les hallucinations sont rares et il se contente de nous bombarder des messages qui manquent cruellement d’inspiration. Le chevalier mystère est quant à lui obnubilé par son désir de vengeance, il scandera à tout va qu’il veut tuer Batman sans jamais réellement nous convaincre. Malheureusement les fans de comics connaissent déjà son identité ce qui rendra la trame principale encore plus insipide, pour les autres il ne faudra pas attendre la fin du jeu pour le deviner tant les indices révélés sont édifiants. Les autres personnages comme le pingouin ou double face pour ne vous citer qu’eux sont relégués aux rangs des missions annexes et ne feront que de brèves apparitions. On est donc bien loin des nombreux rebondissements du scénario d’Arkham City et de sa ribambelle de méchants en tout genre. Pour un épisode qui se revendique comme étant le plus sombre de la série, Arkham Knight est finalement bien fade et nous narre avec mollesse la fin de l’homme chauve-souris.
Gotham plus belle que jamais
Fort heureusement on peut compter sur l’aspect graphique du soft, la modélisation de Gotham est tout simplement renversante. Dès les premières minutes du jeu vous incarnerez un agent de police venu tranquillement prendre son repas dans le petit Diner du coin. A peine le temps de faire du charme à la serveuse qu’un client du restaurant viendra vous interpeller pour signaler un individu suspect au fond de la salle, Ni une ni deux vous bondissez de votre tabouret pour aller voir. Nous ne vous en dévoilerons pas plus…
Cette scène sera suivie d’une splendide cinématique d’introduction qui plante immédiatement le décor et les bases du scénario. Il ne faut donc que quelques minutes pour se rendre compte à quel point Batman Arkham Knight est graphiquement superbe. Bien que les rues de Gotham manquent un peu d’animation du à l’évacuation de la ville, elles sont néanmoins truffées de détails et vous pourrez visiter de nombreux édifices comme le commissariat du GCPD, l’orphelinat, les anciens studios de cinéma, la tour Wayne… De plus le jeu est fluide et ne souffre d’aucun ralentissement même lorsque la batmobile fait voler en éclats tout ce qu’elle touche. On regrettera cependant que l’immensité de Gotham empiète sur les intérieurs, moins nombreux à explorer dans cet opus.
Des nouveautés appréciables
En plus de reprendre la quasi-totalité du gameplay des précédents épisodes, ce nouvel opus propose quelques nouveautés plutôt appréciables. Vous retrouverez donc le gel explosif, la Bat griffe, les Batarangs mais aussi le synthétiseur de voix qui vous permet d’imiter la voie de vos ennemis et ainsi donner des ordres à leurs sbires comme ouvrir une porte, se déplacer… ce qui vient enrichir le gameplay de l’infiltration. Vous pourrez également pirater des tourelles, drones… afin de vous faufiler. Cependant les possibilités étant tellement riches certains gadgets prennent la poussière comme la tyrolienne qui est bien présente mais quasiment inutilisée dans cet épisode. Vous gagnerez également des points de compétences qui vous permettront d’améliorer vos gadgets, votre tenue, vos attaques, la batmobile et ses armes… Il faudra donc utiliser l’ensemble de vos capacités pour arriver à vos fins et résoudre, entre autre, plus de 200 énigmes dissimulées dans toute la ville par l’homme mystère.
On appréciera également quelques petites séquences novatrices comme l’analyse des vidéos de surveillance pour retrouver des indices, trouver une empreinte vocale en modulant les ondes… Les éliminations par intimidation disponible après une élimination furtive permette une approche supplémentaire. En arrivant furtivement derrière un groupe d’adversaires vous pourrez choisir entre éliminer l’un d’eux silencieusement ou alors réaliser une multi-élimination, en choisissant la seconde option vous viendrez à bout de plusieurs ennemis en les ciblant l’un après l’autre avec votre joystick, une bonne manière de se débarrasser dans un premier temps des ennemis armés.
La Batmobile m’a tuer
Annoncé comme la grande nouveauté de cet opus, la Batmobile en aura finalement déçu plus d’un… En effet, on prend dans un premier temps plaisir à parcourir les ruelles sombres de Gotham au volant de la bagnole de l’homme chauve-souris, d’autant plus que la modélisation est superbe et l’animation jouissive. On prend un malin plaisir à s’éjecter du véhicule, planer sur 100 mètres puis la rappeler d’une simple pression pour reprendre le volant mais trop c’est trop et au fil des missions l’overdose s’installe. Les développeurs ont décidé de l’utiliser à toutes les sauces et d’en faire presque l’outil numéro 1 de Bruce. Impulsion sonar, IEM, lanceur de virus, treuil… tout est prétexte à exhiber sa caisse allant même jusqu’à se hisser sur les toits des immeubles, trop c’est trop…
La Batmobile plombe littéralement l’expérience de jeu et les combats contre les tanks beaucoup trop nombreux, fades et inintéressants n’arrangent pas les choses. Il n’y a que vers la moitié du jeu que l’effet « j’ai un nouveau jouet » se calme pour reprendre de plus belle dans la dernière ligne droite de l’histoire. La conduite de l’engin est elle aussi particulière puisqu’il faut accélérer avec R2 et freiner avec carré et non L2 ce qui peut être très déstabilisant pour les habitués des jeux de courses d’autant plus qu’ici L2 vous stoppe net en vous positionnant en mode combat. Malgré tout la conduite est fluide, le véhicule n’est ni trop lent ni trop rapide et on parcourt la ville avec plaisir, d’ailleurs on se serait volontiers contenté de cet usage, dommage que les gars de chez Rocksteady se soit focalisé à ce point sur cette maudite Batmobile.
Les points positifs
- Graphiquement splendide
- Gotham parfaitement modélisé
- Un gameplay extrêmement riche
- Les attaques en duo avec la possibilité d’incarner d’autres personnages comme Robin, Catwoman…
- Sentiment de puissance dans les combats au corps à corps avec de nouvelles attaques et interactions avec le décor
- Les éliminations par intimidation
- Durée de vie considérable
- Plus de 200 énigmes de l’homme mystère à résoudre
- Quelques nouveaux ennemis
- Patrouiller en batmobil dans les rues de Gotham…
Les points négatifs
- …Mais véritable overdose de batmobil, utilisée à toutes les sauces et toutes les 5 minutes
- Les combats contre les tanks sont fades, ennuyeux et beaucoup trop nombreux
- La plupart des quêtes annexes sont anecdotiques voir même inintéressantes
- Scénario plat, les grands méchants de cet épisode manquent cruellement de charismes.
- Bande son beaucoup trop discrète, tension, émotion, urgence…impossible de ressentir quoi que ce soit.
Conclusion 16/20
Nous sommes bien forcés de constater que Batman Arkham Knight vient clôturer la trilogie de Rocksteady de manière un peu fade. Annoncé comme étant l’épisode le plus sombre de la série avec la lourde tâche de narrer la « fin » de Batman, le titre procure finalement l’effet d’un pétard mouillé et risque bien de décevoir les fans qui l’attendaient comme étant LE jeu de l’année. La faute à qui? Une Batmobile surexploitée bien évidemment mais aussi à une trame narrative et un scénario finalement peu inspiré qui ne parvient pas à nous maintenir en haleine. De plus, le rythme de la campagne principale est constamment haché par des missions bouche-trous du genre va récupérer ceci ou va parler à celui-là et les super-vilains secondaires sont cantonnés dans des missions annexes répétitives. Malgré tout, Arkham Knight n’en demeure pas moins un excellent Batman d’une part parce qu’il reprend tout ce qui a fait le succès de ces prédécesseurs en y ajoutant quelques nouveautés plutôt sympathiques mais aussi parce qu’il est tout simplement somptueux. La ville de Gotham est sombre, très vaste et gorgée de détails, on laissera donc la Batmobile au garage pour la survoler avec plaisir. Il faut bien avouer que nous attendions beaucoup de cet épisode final, trop peut être… sans vraiment décevoir il laisse une impression de « tout ça pour ça ? ». Arkham City conserve donc sa place de numéro 1 sur le podium, selon nous…