Test Hell is Us sur PS5, enfin un jeu qui ose nous perdre

Hell is Us surprend par son audace : dans un paysage vidéoludique saturé de flèches et d’indicateurs, le nouveau titre de Rogue Factor, dirigé par Jonathan Jacques-Belletête, nous invite à nous perdre pour mieux redécouvrir ce que signifie explorer. Voici notre test complet sur PS5.

Introduction : l’art de se perdre

Il y a des jeux qui nous guident, et d’autres qui nous lâchent la main. Hell is Us fait partie de cette rare seconde catégorie. Sur PlayStation 5, il m’a offert une expérience que je n’avais pas vécue depuis longtemps : celle de griffonner des notes, de retenir des codes, d’écouter attentivement chaque mot d’un PNJ, et de m’interroger sur le sens même de l’exploration. Après trente heures à arpenter les terres d’Hadéa, j’en suis sorti à la fois dérouté, émerveillé et étrangement apaisé. Ce n’est pas un jeu parfait, mais c’est un jeu qui a quelque chose à dire, et il le dit à sa manière, sans jamais hausser la voix.

Un retour aux sources de l’aventure

Développé par Rogue Factor et chapeauté par Jonathan Jacques-Belletête (ancien directeur artistique de Deus Ex: Human Revolution), Hell is Us prend place dans un pays fictif, déchiré entre guerre civile et phénomènes surnaturels. Loin des environnements surchargés d’icônes, Hadéa respire l’inconnu. C’est un monde semi-ouvert où chaque pas compte, où la moindre ruine cache une histoire, et où l’on comprend vite qu’aucune boussole ne viendra nous sauver.

Cette philosophie de design se ressent dès les premières minutes : pas de mini-carte, pas de ligne de quête, pas de GPS interne. On ne nous explique rien, ou presque. Le jeu fait confiance à notre curiosité. Il faut écouter, lire, relier, et parfois échouer. Et dans cet échec naît la satisfaction d’avoir trouvé seul son chemin. Une idée simple, mais si rare aujourd’hui qu’elle en devient révolutionnaire.

Une ambiance à couper le souffle

Ce qui frappe d’abord, c’est l’atmosphère. Hell is Us est une œuvre d’ambiance avant tout. Sa direction artistique, toute en contrastes, oscille entre réalisme brutal et onirisme presque mystique. Les lumières filtrent à travers les ruines, les couleurs du ciel virent au cuivre, et chaque horizon donne envie d’avancer, même quand on sait qu’aucun marqueur ne nous attend.

La bande-son, signée par une équipe de compositeurs discrets mais inspirés, participe puissamment à cette immersion. Les nappes sonores évoluent avec la météo, les cris des créatures surnaturelles résonnent dans les vallées, et parfois, un simple souffle de vent suffit à figer l’écran. Rarement un jeu m’aura autant donné envie de m’arrêter, de respirer son monde avant d’en percer les secrets.

Un jeu qui refuse le confort

Sur PS5, l’expérience de jeu est fluide, mais pas toujours confortable, et c’est volontaire. Hell is Us nous déstabilise. L’absence d’indicateurs nous pousse à observer, à questionner notre manière de jouer. Pendant mes trente heures de test, j’ai pris l’habitude de garder un carnet à portée de main : un mot prononcé par un PNJ, un symbole gravé sur une pierre, un numéro aperçu dans un enregistrement… tout pouvait être une clé.

Cette manière de réapprendre à prêter attention redéfinit la relation entre joueur et jeu vidéo. Là où d’autres titres multiplient les flèches fluorescentes, Hell is Us nous fait confiance. Il nous parle autrement, par la mise en scène, par le son, par les détails environnementaux. En cela, il s’adresse à ceux qui veulent penser leur aventure plutôt que la suivre.

Le gameplay : entre maîtrise et rigueur

Le cœur du gameplay repose sur un système de combat au corps-à-corps sobre et exigeant. Les affrontements sont nombreux (trop peut-être), et parfois même tendus. Chaque créature rencontrée semble issue d’un cauchemar : silhouettes brumeuses, armures craquelées, cris inhumains. Les armes, forgées à partir d’artefacts anciens, se manient avec précision : un contre mal placé, et tout s’écroule. On sent la patte du studio, qui préfère la tension à la surenchère.

Mais soyons honnêtes : tout n’est pas parfait. L’IA montre parfois ses limites, la caméra se perd dans les combats rapprochés, et le système d’esquive manque de souplesse. Pourtant, ces défauts ne ruinent pas l’expérience. Ils rappellent plutôt que Hell is Us n’essaie pas d’être un jeu d’action mainstream, mais une aventure introspective, presque spirituelle, où chaque combat a un sens.

Une narration fragmentée mais fascinante

Le récit de Hell is Us est volontairement cryptique. On y incarne un homme à la recherche de ses origines, confronté à la violence du monde et à des forces qu’il ne comprend pas. Le scénario se dévoile par touches successives : conversations énigmatiques, journaux audio, inscriptions murales. Rien n’est explicitement expliqué, tout est suggéré. Et c’est ce mystère qui maintient la tension jusqu’à la fin.

J’ai particulièrement apprécié la manière dont le jeu aborde la dualité humaine : guerre extérieure contre les autres, guerre intérieure contre soi-même. Les créatures surnaturelles d’Hadéa semblent nées de nos propres peurs. C’est une allégorie habile, servie par une mise en scène qui sait rester pudique. Même la fin, imparfaite, laisse un sentiment de boucle refermée, comme si le but n’était jamais de tout comprendre, mais d’avoir osé chercher.

Une direction artistique magistrale

Il serait impossible de parler de Hell is Us sans évoquer son esthétique. Les paysages d’Hadéa évoquent parfois l’Europe de l’Est, parfois des visions post-apocalyptiques. Les jeux de lumière, les textures minérales et l’usage du HDR sur PS5 donnent une profondeur rare. On pense à Death Stranding pour la solitude, à Dark Souls pour la symbolique, mais le jeu parvient à imposer sa propre identité visuelle, entre réalisme et surréalisme.

Le travail sur les effets sonores renforce encore cette immersion. Les murmures, les cloches lointaines, les orages qui grondent : tout concourt à faire d’Hadéa un personnage à part entière. C’est un monde malade, mais vivant. Un monde qui demande à être compris plus que conquis.

Technique et réalisation sur PS5

Sur PlayStation 5, Hell is Us s’en sort honorablement. Le framerate reste stable la plupart du temps, les temps de chargement sont très courts grâce au SSD, et les vibrations haptiques de la DualSense participent discrètement à l’immersion. J’ai rencontré quelques petits bugs d’affichage, mais rien de bloquant. Ce qui surprend surtout, c’est la cohérence visuelle : chaque recoin du monde semble pensé, chaque texture raconte quelque chose.

On sent la maîtrise artistique de Jonathan Jacques-Belletête, déjà responsable de l’identité visuelle de Deus Ex: Human Revolution. Le même goût pour le contraste, pour les teintes métalliques et les reflets dorés, traverse ici un univers plus organique, plus viscéral. L’ensemble respire la passion d’un studio qui préfère la personnalité à la perfection technique.

Un message caché sous les ruines

En refermant le jeu, difficile de ne pas voir dans Hell is Us une forme de manifeste. Un jeu qui ose dire : « Et si vous acceptiez de ne pas tout comprendre ? » C’est une leçon d’humilité, mais aussi un hommage à l’exploration, au doute, à la curiosité. Loin des aventures sur-écrites, Hell is Us redonne du sens au mot “aventure”. Une aventure qu’on vit, qu’on note, qu’on reconstruit soi-même.

Dans un monde vidéoludique obsédé par les repères, ce jeu rappelle que se perdre peut être une liberté. Et cette liberté, il la transmet sans tutos, sans surbrillance, simplement en nous faisant confiance.

FAQ – Questions fréquentes sur Hell is Us

Combien de temps dure Hell is Us ?

Comptez environ 25 à 35 heures pour terminer l’histoire principale, selon votre capacité à observer et à résoudre les énigmes sans aide externe.

Le jeu propose-t-il une carte ou des marqueurs ?

Non, et c’est là tout son concept. Aucune mini-carte, aucun marqueur : le joueur doit écouter, lire et mémoriser pour progresser.

Hell is Us est-il difficile ?

Il est exigeant, mais pas punitif. Le défi vient moins du combat que de l’attention requise pour comprendre le monde et ses règles.

Existe-t-il une version next-gen exclusive ?

Oui, le jeu est exclusivement disponible sur PS5, Xbox Series et PC. Aucune version PS4 ou Xbox One n’est prévue.

Qui est derrière Hell is Us ?

Le jeu est développé par Rogue Factor et dirigé par Jonathan Jacques-Belletête, connu pour son travail sur Deus Ex et Marvel’s Guardians of the Galaxy.

Notre verdict final

Note finale : 88 %

Hell is Us n’est pas un jeu pour tout le monde. Il ne cherche pas à plaire, mais à éveiller. C’est une œuvre contemplative, audacieuse, parfois rugueuse, mais toujours sincère. Sur PS5, il m’a rappelé pourquoi j’aime les jeux qui osent, ceux qui me forcent à écouter, à réfléchir, à douter. Un voyage sensoriel et intellectuel rare, qui redonne tout son sens au mot “explorer”.