Notre avis et test Mafia : The Old Country – Quand la Sicile devient un personnage à part entière
Il y a des jeux qui, dès les premières minutes, imposent un rythme, un parfum, une ambiance qui ne vous lâche plus. Mafia: The Old Country fait partie de ceux-là. Développé par Hangar 13 et édité par 2K Games, cet opus sorti le 8 août 2025 nous emmène loin des ruelles américaines des précédents épisodes, pour plonger au cœur de la Sicile du début du XXe siècle. Pas de gratte-ciels, pas de gangsters en costumes trois pièces sortant d’une Cadillac rutilante : ici, les pierres sont brûlées par le soleil, les regards lourds de secrets, et les coups se portent autant avec des mots qu’avec des lames.
J’ai enfilé la chemise élimée d’Enzo Favara, jeune carusu échappé des mines de soufre, et dès les premiers pas dans la ville fictive de San Celeste, j’ai compris : ce voyage allait être intime, brutal et sans concessions. La promesse des développeurs ? Un retour aux racines narratives de la série, avec un gameplay linéaire mais scénarisé, laissant toute la place à l’écriture et à la mise en scène. Pari tenu ? C’est ce que nous allons voir…
Un contexte historique rarement exploré
Le choix de situer Mafia: The Old Country dans la Sicile du début des années 1900 n’est pas anodin. C’est une époque où les codes de la mafia ne sont pas encore ceux, codifiés et médiatisés, des années 30 ou 40. Ici, on parle de familles, de terres, de survie. Le jeu puise dans un contexte authentique : l’ombre du crime organisé se mêle aux traditions paysannes, aux querelles de clans et aux réalités d’une île marquée par la pauvreté et l’émigration. Cette profondeur historique est servie par un doublage en sicilien qui, même pour un joueur francophone, donne un relief incroyable aux dialogues.
Hangar 13 a aussi fait le choix d’un moteur graphique à la hauteur de ses ambitions : l’Unreal Engine 5. Résultat ? Des villages sculptés dans la roche, des vignobles ondulant sous le vent, et des jeux de lumière qui transforment un simple coucher de soleil en moment de cinéma pur. Jouer à ce Mafia, c’est parfois s’arrêter, juste pour contempler une place de marché ou une ruelle où pendent des draps blancs.
Une immersion pensée comme un film
La première chose qui frappe, c’est le rythme. The Old Country n’essaie pas d’imiter les open-world actuels en multipliant les quêtes annexes ou les icônes sur la carte. Ici, chaque mission compte. Chaque séquence est découpée comme une scène de film, avec son introduction, sa montée en tension et son climax. On passe d’une discussion dans l’arrière-salle d’une taverne à une fuite en calèche sous les balles, le tout sans rupture de ton.
En tant que joueur, on se sent pris dans un récit qui ne nous lâche pas. Oui, le gameplay reste classique : infiltration, fusillades, bagarres au couteau. Mais la mise en scène donne à chaque action un poids dramatique. Quand Enzo plante son couteau dans une caisse de bois pour marquer son territoire, on n’appuie pas juste sur une touche : on participe à un rituel de pouvoir.
Gameplay : classique mais efficace
Il faut être clair : Mafia: The Old Country n’invente rien côté gameplay. Hangar 13 assume un système de contrôle proche des précédents volets, avec des déplacements parfois rigides et des combats qui misent plus sur la tension que sur la nervosité. Les fusillades se jouent derrière couverture, les bagarres au couteau reprennent un système de blocage et de contre-attaques, et l’infiltration reste basique mais lisible. Pas de parkour fluide à la Assassin’s Creed ici : la lenteur fait partie du rythme voulu.
Ce choix ne plaira pas à tout le monde. Certains joueurs pourraient regretter un manque de modernité, mais d’autres au contraire appréciront cette approche “old school” où chaque action compte. La conduite, quant à elle, varie entre véhicules d’époque (lourds et peu maniables) et séquences à cheval, bien intégrées dans les missions. Le réalisme l’emporte sur le fun immédiat, et ça colle au ton du jeu.
Structure et narration
Le jeu adopte une construction en chapitres qui épouse parfaitement l’ascension (et parfois même les désillusions) d’Enzo Favara. Chaque mission s’inscrit comme une pièce d’un puzzle narratif où chaque geste, chaque échange, fait progresser l’histoire. On sent une maîtrise dans l’écriture : les dialogues frappent juste, les personnages secondaires existent vraiment, et les transitions entre les scènes sont fluides, presque cinématographiques.
Il n’y a pas de missions ajoutées pour gonfler artificiellement la durée : tout est pensé pour servir le récit. Cela donne un rythme dense, avec une montée en tension progressive jusqu’aux derniers actes où la pression devient presque palpable. Le doublage en sicilien, lui, agit comme un véritable ciment culturel : intonations rugueuses, musicalité des phrases, chaleur ou froideur selon la situation… On ne traverse pas seulement la Sicile, on la vit, et chaque ligne de dialogue contribue à cette immersion profonde.
Technique et réalisation
Sur PS5 et Xbox Series X/S, le jeu propose deux modes graphiques : Performance (60 fps) et Qualité (résolution et effets visuels optimisés). Sur PS5 Pro, on profite du VRR et du 120 Hz pour un confort visuel accru. Dans tous les cas, l’Unreal Engine 5 brille, surtout dans la gestion de la lumière et des textures naturelles : pierres, tissus, feuillages… tout semble palpable.
La bande-son, elle, alterne entre compositions originales aux accents méditerranéens et moments de silence où seuls résonnent le vent et les pas. Les armes claquent avec un écho réaliste, les dialogues sont enregistrés avec soin, sans saturation ni effet artificiel.
Techniquement, quelques bugs mineurs subsistent : IA parfois hésitante, collisions approximatives dans les ruelles étroites. Rien de bloquant, mais assez pour rappeler que le jeu n’atteint pas la perfection technique d’un Red Dead Redemption 2.
Un voyage marquant, malgré quelques zones d’ombre
En refermant l’histoire d’Enzo, on garde en tête la sensation d’avoir traversé une fresque humaine plus qu’un simple jeu vidéo. Ce qui marque, c’est la cohérence de l’ensemble : chaque décor, chaque geste, chaque réplique sert la même vision, celle d’un récit mafieux qui préfère les regards lourds aux fusillades tapageuses. On prend plaisir à savourer les dialogues, à se perdre dans les détails d’un marché ou dans les ombres d’une ruelle, et à sentir la tension monter au fil des chapitres.
Ce n’est pas un titre qui cherche à plaire à tous. Sa linéarité assumée et son gameplay volontairement classique peuvent dérouter ceux qui espéraient plus de liberté ou d’expérimentations. Mais pour les joueurs prêts à se laisser porter par une mise en scène soignée et une ambiance unique, Mafia: The Old Country offre un voyage dense, émotionnel et parfois même intime, comme si l’on feuilletait un album de souvenirs d’une époque qu’on n’a jamais connue.
Conclusion : la Sicile gravée dans la mémoire
En quittant San Celeste après douze heures de drames, de trahisons et de coups du sort, je me suis surpris à rester immobile sur l’écran de fin, comme si je n’étais pas encore prêt à dire adieu à Enzo. Mafia: The Old Country n’est pas un jeu qui cherche à impressionner par des mécaniques révolutionnaires ou des cartes tentaculaires. C’est un récit qui se vit comme un vieux film de mafia, avec ses silences lourds, ses regards appuyés, et cette sensation que chaque action a un prix.
Oui, le gameplay est classique, parfois raide. Oui, on aurait aimé plus de liberté ou d’embranchements narratifs. Mais en échange, le jeu offre une cohérence et une intensité rares. On ne joue pas The Old Country pour se perdre dans un océan d’objectifs secondaires : on le joue pour s’asseoir à une table de taverne, sentir l’odeur du bois, écouter un vieil homme parler de loyauté, et savoir qu’au moment où l’on sortira, les ruelles ne seront plus jamais les mêmes.
Notre verdict final
Note : 82 %
Un retour aux racines qui ravira les amateurs d’histoires de mafia et de narration soignée. Moins taillé pour les joueurs en quête d’action effrénée, mais indispensable pour ceux qui veulent s’immerger dans une époque rarement explorée.
FAQ – Mafia: The Old Country
Quelle est la durée de vie de Mafia: The Old Country ?
Comptez environ 12 heures pour l’histoire principale et jusqu’à 20 heures pour découvrir toutes les missions et dialogues optionnels.
Le jeu propose-t-il un monde ouvert ?
Non, il s’agit d’une structure linéaire découpée en chapitres. Chaque environnement est richement détaillé mais limité à la mission en cours.
Peut-on jouer en français ?
Oui, le jeu propose des sous-titres en français et un doublage original en sicilien, ainsi que d’autres langues majeures.






