Test Hellblade II PS5 – le jeu qui brouille la frontière entre cinéma et psychose
Sorti en août 2025 sur PlayStation 5, après une première année d’exclusivité Xbox et PC, Senua’s Saga: Hellblade II débarque enfin sur la console de Sony. Plus qu’un simple portage, cette arrivée est une véritable mise à l’épreuve pour la PS5 : être capable de restituer, sans concession, l’expérience sensorielle et psychologique conçue par Ninja Theory. Nous avons plongé dans cette odyssée sombre, oppressante, et profondément humaine. Voici notre test complet.
Un retour attendu : Senua s’invite enfin sur PS5
Il aura fallu patienter plus d’un an pour que Hellblade II franchisse les portes de la PlayStation 5. Xbox en avait fait une vitrine technologique dès mai 2024, et beaucoup craignaient que la PS5 n’arrive pas à encaisser le choc visuel et sonore d’un tel monstre. Le pari est pourtant réussi. Dès les premières minutes, la console de Sony se met au diapason d’Unreal Engine 5, offrant un rendu si réaliste que l’on a parfois du mal à distinguer cinématique et gameplay. Mais au-delà du vernis technique, ce qui frappe, c’est l’intimité troublante de l’expérience. Car Senua’s Saga n’est pas seulement une histoire de pixels : c’est une plongée dans l’esprit d’une guerrière brisée, hantée par ses démons et déterminée à les affronter.
Une odyssée psychologique avant tout
La force de Hellblade II, comme de son prédécesseur, réside dans sa capacité à transformer la psychose de Senua en moteur narratif. Les voix murmurent, se contredisent, l’assaillent. Elles jugent chacun de ses gestes, questionnent chacune de ses décisions. Grâce au son binaural, elles s’infiltrent dans le crâne du joueur, brouillant la frontière entre réalité et hallucination. Rarement un jeu aura su représenter de façon aussi viscérale la fragilité mentale d’un personnage. Sur PS5, avec un casque 3D Audio, l’immersion est totale, parfois à la limite du supportable.
Ce nouvel épisode enrichit cependant cette solitude oppressante par l’introduction de compagnons. Senua n’est plus une simple figure isolée face à ses tourments : elle échange, doute, se heurte à d’autres regards. Cette dimension collective ne brise pas son intimité mais la complexifie, en offrant de nouveaux reflets à ses obsessions.
Une expérience cinématographique radicale
Dès sa mise en scène, le jeu s’affirme comme un film interactif. Plans-séquences, caméra collée à l’épaule, absence totale d’interface : tout concourt à créer une continuité visuelle où l’on ne distingue plus le cinéma du gameplay. Les combats, brutaux et réalistes, sont chorégraphiés avec une intensité rarement atteinte dans un jeu vidéo. Chaque affrontement est une épreuve physique et émotionnelle, non une simple mécanique répétée.
Les décors d’Islande, capturés en photogrammétrie, impressionnent par leur densité minérale et leur lumière naturelle. On traverse des falaises noyées de pluie, des plages jonchées de cadavres, des grottes où le feu vacille sur les parois humides. Sur PS5, ces environnements conservent leur superbe, avec une gestion de la lumière qui rivalise avec les meilleurs blockbusters du cinéma.
Gameplay : entre brutalité et introspection
Certains joueurs craignaient que Hellblade II sacrifie trop le jeu au profit du spectacle. Pourtant, si la linéarité est assumée, Ninja Theory a enrichi la palette ludique. Outre des combats rapprochés d’une intensité redoutable, l’aventure propose des énigmes plus variées que dans le premier opus, moins répétitives et mieux intégrées à la narration. Une mécanique notable vient des amulettes, dont l’une permet de figer le temps et d’aborder certains affrontements autrement. Rien de révolutionnaire, mais suffisant pour maintenir une tension permanente.
La durée de vie oscille entre 8 et 12 heures selon la manière de jouer. Certains, en prenant le temps d’admirer les environnements et d’explorer chaque recoin, pourront dépasser la quinzaine d’heures. Mais il ne faut pas attendre ici une fresque ouverte : Hellblade II est un couloir assumé, un voyage introspectif qui ne cherche pas à distraire par des à-côtés.
Une réalisation technique toujours en avance
Sur PS5, la prouesse est de taille : le jeu ne cède rien à sa réputation de vitrine graphique. Les visages sont d’un réalisme troublant, chaque micro-expression trahissant la peur, la rage ou le doute de Senua. Les jeux de lumière, la pluie qui ruisselle, les flammes qui vacillent, tout est rendu avec une fidélité quasi photographique. Quelques détails trahissent encore les limites : reflets de l’eau perfectibles, décors parfois figés. Mais dans l’ensemble, la PlayStation 5 tient la comparaison avec la version Xbox Series X, sans céder d’un pouce.
L’optimisation PS5, baptisée Enhanced Edition, apporte en outre une gestion plus fine de l’aliasing et une fluidité constante, même lors des scènes les plus spectaculaires. La console de Sony confirme qu’elle est capable d’accueillir des expériences extrêmes, sans sacrifier la stabilité.
Limites et frustrations
Aussi immersif et impressionnant soit-il, Hellblade II n’est pas exempt de critiques. Sa linéarité rebutera les amateurs d’exploration libre. Ses voix parasites, si fascinantes au départ, peuvent épuiser à force d’intensité. L’absence de doublage français complet reste une frustration, malgré la qualité des sous-titres. Enfin, l’absence persistante de version boîte sur PS5 est un regret pour les collectionneurs, d’autant que l’objet aurait mérité un bel écrin.
Un voyage qui reste en mémoire
Au-delà de la technique, au-delà même de la narration, ce que laisse Hellblade II, c’est une empreinte. Celle d’un jeu qui ne se contente pas de distraire mais qui confronte, bouscule, interroge. On ne sort pas indemne de cette immersion dans la psychose de Senua. Et si la durée de vie est courte, elle est d’une densité telle qu’elle vaut bien des épopées plus longues mais creuses. Rarement une œuvre vidéoludique aura réussi à unir ainsi cinéma, psychologie et jeu vidéo dans une alchimie aussi saisissante.
FAQ – Tout savoir sur Senua’s Saga: Hellblade II
Quelle est la durée de vie de Hellblade II ?
En moyenne 8 heures, jusqu’à 12-15 heures pour les joueurs qui prennent leur temps.
Le jeu propose-t-il une VF intégrale ?
Non, les voix sont en VO avec sous-titres français. Pas de doublage audio complet en français.
Hellblade II est-il disponible en version boîte sur PS5 ?
Non, seulement en version numérique à ce jour.
Notre verdict final
Senua’s Saga: Hellblade II sur PS5 est une expérience à part. Brutal, magnifique, oppressant, il ne cherche pas à plaire à tous mais à marquer profondément ceux qui oseront s’y plonger. Sa durée de vie modeste, ses voix parfois étouffantes et sa linéarité assumée ne doivent pas masquer la vérité : nous tenons là une œuvre marquante, qui prouve que le jeu vidéo peut être une catharsis autant qu’un divertissement.
Note finale : 91 %
Un voyage psychologique d’une intensité rare, sublimé par la PS5.