F1 (2025) : entre adrénaline et élégance, le film surprise de l’année ?

F1 (2025) avec Brad Pitt : entre adrénaline, élégance et transmission – notre critique cinéma complète

Un départ sur les chapeaux de roues

Quand les lumières se sont éteintes dans la salle, le silence s’est fait pesant. Quelques murmures de spectateurs curieux, des souffles suspendus, et puis ce frisson bien particulier, celui des grands départs. C’est avec une élégance toute mécanique que F1 s’est lancé, moteur grondant, prêt à dépasser la simple fiction pour nous faire ressentir l’ivresse de la course, la tension du bitume, la solitude du pilote. On attendait un simple film de sport. On est reparti avec bien plus.

Réalisé par Joseph Kosinski, le metteur en scène de Top Gun: Maverick, F1 convoque à la fois le spectaculaire, l’intime, et le politique. L’histoire suit Sonny Hayes (interprété avec une intensité désarmante par Brad Pitt), un pilote vétéran rappelé en F1 pour former la jeune étoile montante d’un team fictif nommé Apex GP. Mais sous ses airs de film d’apprentissage se cache une œuvre sur la filiation, le dépassement de soi et le prix de la vitesse.

Brad Pitt concentré dans le cockpit en pleine course – F1 (2025)

Un moteur narratif bien huilé

Le scénario ne cherche pas à révolutionner le genre, mais il en embrasse toutes les possibilités. Loin des facilités hollywoodiennes, le récit de F1 préfère la précision mécanique au déluge d’effets. Les dialogues sont rares, calibrés. Chaque mot, chaque regard, chaque silence vibre dans le cockpit ou sur la ligne de départ comme une montée en régime. Le passé de Sonny ressurgit par bribes, au fil de flashbacks discrets, presque impressionnistes.

Aux côtés de Brad Pitt, on retrouve Damson Idris, dans le rôle de Joshua Pearce, rookie charismatique et stratégiquement sous pression. Leur relation, tissée d’abord dans la méfiance puis dans une admiration mutuelle, donne au film une dimension presque paternelle. Ce tandem fonctionne à merveille, porté par une tension dramatique constante.

Brad Pitt dans les paddocks, concentré avant la course – F1 (2025)

Une réalisation immersive, au plus près de l’asphalte

Kosinski signe ici l’un de ses films les plus aboutis visuellement. Grâce à la technologie embarquée développée pour le tournage – avec des caméras 6K montées directement sur des monoplaces modifiées – le spectateur est plongé littéralement dans la course. On ressent chaque vibration du volant, chaque crissement de pneu, chaque décollage sur les vibreurs. C’est viscéral, brutal, organique. On ne regarde pas la F1, on la vit.

La photographie de Claudio Miranda, déjà complice sur Oblivion et Top Gun: Maverick, capte les contrastes flamboyants des paddocks, le flou poétique des lignes droites à 300 km/h, et les visages épuisés sous les casques. Il y a une beauté documentaire, presque contemplative, dans la manière de filmer les à-côtés : un mécano essuyant la sueur de ses paumes, un ingénieur seul face à ses écrans, un regard échangé dans le silence d’un garage.

Brad Pitt de profil en combinaison APXGP – style et tension dramatique – F1 (2025)

Un son qui rugit, un mixage d’orfèvre

Mais là où F1 impressionne, c’est dans son travail sonore. Le rugissement des moteurs V6, le cliquetis des paddocks, le souffle étouffé du casque : tout sonne juste. Le sound design atteint des sommets, et les spectateurs équipés de systèmes Dolby ou en salle IMAX seront littéralement plaqués à leur siège. On est bien loin des bruitages artificiels des films d’action lambda. Ici, chaque décibel a un sens.

La musique de Hans Zimmer est à la fois discrète et galvanisante. Elle n’envahit jamais la course mais l’accompagne, telle une ligne idéale. Le compositeur alterne nappes synthétiques et thèmes plus organiques, ponctuant les moments-clés d’une tension sourde ou d’une émotion inattendue. Certains plans, portés uniquement par la musique et le regard de Pitt, sont de véritables instants de grâce.

Brad Pitt, la grâce d’un pilote fatigué

Ce film aurait pu être un simple exercice de style. Il devient un écrin pour un acteur à son sommet. Brad Pitt, loin de cabotiner, incarne avec une retenue magistrale un homme confronté à ses fantômes, à son âge, à sa gloire fanée. Son jeu est tout en subtilité : une mâchoire crispée avant un départ, un soupir à la radio, une larme retenue devant le succès d’un autre. Il n’a jamais été aussi touchant depuis L’Étrange Histoire de Benjamin Button.

Une œuvre à la croisée des mondes

F1 est aussi un film sur la transition. Transition générationnelle, technologique, émotionnelle. Il parle d’héritage, de résilience, de courage. Et s’il flirte parfois avec les attendus du genre sportif, il s’en affranchit avec intelligence. Kosinski livre un drame humain plus qu’un simple film de course. Une élégie moderne pour les héros fatigués. Et un vibrant hommage à ce sport souvent mal compris, ici sublimé.

Notre verdict final

Note : 93%

Un tour de piste magistral entre adrénaline pure, transmission intergénérationnelle et poésie mécanique.