Un an après la sortie d’Assassin’s Creed Black Flag, Ubisoft change les habitudes de la série en proposant deux épisodes pour la fin d’année 2014 : Assassin’s Creed Unity sur PC, PS4 et Xbox One développé par le studio majeur de la firme, Ubisoft Montréal et Assassin’s Creed Rogue sur PS3, Xbox 360 réalisé par Ubisoft Sofia, la filiale bulgare. De plus, Unity a bénéficié d’une campagne marketing importante contrairement à Rogue qui s’est fait beaucoup plus discret. Peut-on le considérer seulement comme un épisode de transition? Où à l’inverse, est-ce un jeu à la hauteur de ses prédécesseurs ?
Tout d’abord, l’histoire se déroule en Amérique du Nord au milieu du dix-huitième siècle. Vous incarnez Shay Cormac, un Assassin œuvrant au sein de la Confrérie. Cette dernière soutient les Français dans le conflit franco-britannique pendant la Guerre de Sept Ans. Tandis que les Templiers sont alliés avec la Grande-Bretagne. En effet les colonies françaises et britanniques s’affrontaient pour des raisons commerciales et territoriales. Et oui, l’antagonisme entre Assassins et Templiers cher à la saga est toujours présent dans cet opus, ainsi que le mélange entre Histoire et fantastique. D’ailleurs, les deux organisations sont encore à la recherche de mystérieuses reliques porteuses d’une grande puissance.
Une trame convenue
Pour en revenir au personnage principal, la principale nouveauté scénaristique est le passage de Shay dans le camp adverse. Parti chercher une relique pour le compte des Assassins, un événement important se produisit et poussa le jeune Cormac à quitter la Confrérie pour rejoindre les Templiers. Son nouveau but étant d’éliminer tous les Assassins. Voilà à quoi se résume l’intrigue, la trame scénaristique reste assez basique. Le dénouement est un peu convenu cependant le clin d’œil final est bien amené. En outre on appréciera le caractère de Shay, philanthrope dans l’âme qui n’hésite pas à se poser des questions sur ses actes et leur éthique. En ce qui concerne les personnages secondaires, ils sont bien intégrés à l’histoire mais manquent un peu d’épaisseur. Par ailleurs, Shay rencontrera des figures célèbres comme Benjamin Franklin et James Cook par exemple.
Sinon, il y a également des phases dans le présent chez Abstergo, entreprise où les employés sont chargés de revivre via un programme virtuel appelé Animus, l’histoire des Assassins, en l’occurrence Assassin/Templier dans le cas présent. Tout cela dans le but d’en apprendre davantage sur ces protagonistes et sur les fameuses reliques. Ces phases dans le présent servent principalement à fournir des informations sur l’univers Assassin’s Creed pour les plus curieux. Le joueur se déplace à travers les étages d’Abstergo avec une vue FPS, on pirate des ordinateurs et des tablettes pour dénicher des infos, tout ça sous forme de mini jeu. Bref, rien d’extraordinaire surtout que ces séquences sont pauvres en matière de gameplay.
Enfin un petit mot concernant la mise en scène, les séquences d’actions sont bien rythmées mais parfois scriptées comme lors de la séquence à Lisbonne.
Un beau jeu mais parfois limité techniquement
Côté artistique, Assassin’s Creed Rogue s’en sort bien. Visuellement, le jeu est joli. Tout d’abord, il y a de la variété dans les décors. On remarquera l’hostilité de l’Atlantique Nord avec ses glaciers et ses icebergs mais aussi ses aurores boréales, l’ambiance forestière et rustique au sein de River Valley ainsi que la cité new-yorkaise bien qu’elle fut déjà représentée dans Assassin’s Creed III. Le cycle jour/nuit est toujours présent ainsi que la météo dynamique. D’ailleurs, le rendu du brouillard,de la neige et de l’eau est joli. Sinon, on sent le soucis du détail à travers la modélisation des bâtiments. En effet, l’architecture de l’époque est respectée, on retrouve des petites habitations coloniales à River Valley, des manoirs à New York. De surcroît, le dernier bâtiment visité dans le scénario est particulièrement bien recréé mais je vous laisse la surprise. Pour les costumes, là aussi c’est une réussite. Ils sont bien détaillés et le joueur a la possibilité de débloquer plusieurs tenues différentes pour Shay. A propos des personnages, les animations sont fluides et les visages sont corrects.
Cependant, il y a tout de même des soucis techniques en terme de graphismes, les limites de la old-gen sont visibles.On remarquera un peu d’aliasing sur les bateaux au loin ou sur les toits, il arrive que le corps de Shay passe au travers des cordes par exemple, il y a également une sorte de «grain» pas très beau sur les visages. Sinon, il y a de rares chutes de framerate pendant les cinématiques et je n’ai rencontré qu’un seul freeze sur l’ensemble du jeu. Enfin, la distance d’affichage est honorable, je n’ai pas aperçu de clipping flagrant.
Une musique qui colle bien à l’ambiance mais peu présente
La bande son est efficace mais relativement discrète. En effet, on écoutera avec plaisir le bruit des vagues, les chants marins et folkloriques dans les tavernes. On aura même un peu de musique classique dans une mission du scénario. Néanmoins, la musique n’est pas assez présente. Par exemple, le thème principal de très bonne facture est rarement mis en avant dans le jeu, on l’entend surtout dans le menu principal et dans les crédits. Pour les scènes d’action, on a le droit à un son plus rythmé. Globalement c’est dans le ton, mais pas vraiment marquant. Enfin, la localisation est bonne, la VF est à la hauteur même si certains bugs font sourire. Par exemple, certains PNJ tels que les marchands n’ont pas été doublés et parlent anglais alors que la VF est sélectionnée.
Le gameplay est solide mais pas révolutionnaire
En matière de gameplay, il n’y a pas d’innovations majeures. La prise en main demeure classique, dans l’esprit de la série. Tout d’abord, les mouvements de Shay sont fluides que ce soit en combat ou en freerun. A propos du freerun, ce dernier reste efficace et intuitif même si on pourra pester contre son côté assisté. Il suffit de rester appuyé sur R1 et diriger son joystick dans la direction souhaitée pour traverser facilement les plate-formes telles que les arbres ou les toits. En combat rapproché, la palette de coups se résume en quatre touches. Shay peut attaquer, riposter, briser la garde et tirer automatiquement sur la cible visée avec son arme secondaire.
Premièrement, le joueur dispose dans son arsenal, des lames secrètes et d’un ensemble épée-dague en armes principales. Deuxièmement, le choix des armes secondaires est assez large. On y trouve des bombes fumigènes, des fléchettes soporifiques, pétards pour distraire l’ennemi, des fléchettes furie pour retourner un ennemi contre ses alliés, un lance-grenade, bref les options sont variées. Les affrontements directs ne proposent pas un réel challenge quand Shay affronte un petit groupe d’ennemis car le timing de contre est permissif, par conséquent le joueur s’en sortira facilement la plupart du temps.
En revanche, si Shay se retrouve face à une horde d’assaillants, il vaut mieux s’enfuir ou se cacher. Dans le cas présent, la meilleure approche reste l’infiltration. Shay peut repérer ses cibles tout en étant au sol ou en hauteur grâce à la vision d’aigle,une sorte de sixième sens. Il peut également se mettre en couverture dans un coin, se cacher dans les buissons ou dans les bottes de foin pour les habitués de la série. Là, le level design permet différentes approches. Le joueur peut éliminer la cible de manière traditionnelle, c’est à dire avec la lame secrète, en arrivant derrière elle, en lui sautant dessus ou dans les cachettes en les attirant avec un sifflement. En outre, on peut endormir la cible temporairement avec les fléchettes, l’empoisonner en tirant sur des barils de poison ou encore la suspendre avec une dague à corde. Les possibilités sont multiples. Mais encore, le joueur jouera parfois «au chat et à la souris» contre des rôdeurs, individus ayant les mêmes capacités de dissimulation que Shay. En d’autres termes, ils peuvent occuper les mêmes cachettes et n’hésiteront pas à attaquer par surprise. Le joueur peut les repérer dès qu’il entend des murmures et par l’intermédiaire d’un radar avec la vision d’aigle. Par conséquent, même si on est loin d’une infiltration pure et dure à la Hitman ou à la Splinter Cell, la discrétion demeure une option convaincante.
En ce qui concerne l’intelligence artificielle, sa qualité est variable. Autant, un ennemi peut vous repérer immédiatement, autant il peut être aveugle à certains moments. En un contre un, l’adversaire n’est pas extrêmement coriace de même que les boss.
Autre élément important du gameplay, les phases en bateau. Shay est aussi un navigateur qui parcourt les mers entre River Valley et l’Atlantique Nord sur son navire, le Morrigan. Certes, la navigation est similaire à celle dans Assassin’s Creed Black Flag néanmoins ces phases navales sont de qualité. D’abord, la maniabilité du navire est bonne. On peut enclencher l’allure de croisière pour gagner en vitesse, briser la glace avec un éperon pour se frayer un passage. La navigation est souple et on ne ressent pas de lourdeur dans les déplacements. La première fonction du navire étant de découvrir les différents lieux de la carte, la deuxième fonction constitue le sel de ces séquences: ce sont les batailles navales.
Lors des affrontements, chaque navire a une barre de résistance, le but étant bien entendu d’endommager le plus possible le bateau ennemi. Pour cela, le Morrigan dispose d’un armement conséquent et améliorable. On peut tirer de face ou latéralement avec les canons, envoyer des mortiers pour faire des dégâts à longue portée grâce à la longue vue, utiliser un canon à barillet (sorte de mitrailleuse) pour détruire les canons ennemis, charger le navire adverse avec l’éperon et même laisser une traînée de pétrole enflammé à l’arrière du bateau pour incendier les poursuivants. Une fois le bateau sérieusement endommagé, le joueur a le choix entre le couler pour récupérer des ressources ou tenter un abordage pour récupérer une plus grosse récompense. Si on opte pour la deuxième solution, il faudra avant tout éliminer l’équipage adverse pour prendre possession du navire. Une fois capturé, on peut le démanteler afin d’obtenir davantage de ressources, l’ajouter à sa flotte pour la campagne navale ou utiliser ses pièces pour réparer le Morrigan en cas de dégâts. Par ailleurs, on peut également prendre d’assaut des forts et les bombarder avec du mortier.
En définitive, l’immersion est garantie pour ces séquences maritimes. |
Une durée de vie variable selon les attentes du joueur
Enfin, parlons un peu de la durée de vie du soft. Dans un premier temps, si vous souhaitez faire uniquement le solo, cela vous prendra dix heures environ, ça reste correct. Dans un deuxième temps, si vous êtes amateur d’exploration et que vous souhaitez atteindre les 100% il y a de quoi faire, comptez une grosse vingtaine d’heures de jeu. En premier lieu, il y a les missions secondaires divisées en trois catégories: les interceptions d’assassins, les défis de chasse et les batailles légendaires. Les interceptions d’assassins consistent à protéger une cible de plusieurs assassins. On doit repérer les potentiels meurtriers et les éliminer dans le temps imparti. La tâche est assez complexe à New York où les espaces sont plus fermés. Dans les défis de chasse, il faut chasser et dépecer dans une zone plusieurs animaux d’une même espèce dans le temps imparti. Il faut souligner que la faune est variée, on peut rencontrer des loups, des ours polaires ou même des narvals par exemple. D’ailleurs, on peut aussi faire du harponnage en mer, ce qui offre des séquences sympathiques. Quant aux batailles légendaires, il s’agit d’affronter des navires très puissants. Il est indispensable d’améliorer considérablement le Morrigan pour espérer vaincre ces armadas car les challenge est corsé. Pour cela, il faut dépenser de l’argent et surtout trouver des ressources telles que le bois, la pierre ou le métal par exemple.
En deuxième lieu, pour ce qui est de la personnalisation, il y a de nombreux éléments à débloquer comme les tenues, les armes, des voiles, des figures de proue, des barres pour le bateau. On peut également améliorer son équipement grâce aux peaux ramassées lors de la chasse, comme dans Far Cry 3.
En troisième lieu, le joueur a diverses activités annexes à effectuer telles que les captures de QG, de forts ou de colonies. Mais encore, on peut rénover des bâtiments, faire des minis jeux dans les tavernes, découvrir tous les points d’observation. Il y a même une campagne navale où il faudra envoyer ses navires en mission ou pour sécuriser des routes maritimes, cela apporte un petit aspect gestion dans le gameplay. Enfin, il y a toujours une multitude d’objets et secrets à découvrir dans ce vaste et agréable terrain de jeu.
Conclusion 15 /20 :
Où placer cet épisode dans la riche saga Assassin’s Creed? On lui reprochera son scénario un peu plat, le manque de réelles nouveautés en matière de gameplay, quelques soucis techniques pour les graphismes, une bande son pas vraiment marquante et une durée de vie moyenne si on fait le jeu en ligne droite. Malgré tout, on appréciera le fait d’incarner le charismatique Shay dans un univers pourvu de décors variés et d’une direction artistique de toute beauté. De plus, l’immersion est garantie en mer avec les chants et les batailles navales, l’aspect infiltration est plutôt réussi, enfin le jeu dispose d’un bon potentiel d’exploration.
Certes Rogue est loin d’être un opus novateur mais il fait le boulot et il le fait bien. Les habitués de la série pourront considérer cet épisode comme dispensable or les non-initiés passeront un bon moment à vivre les aventures de Shay Cormac.
Les points positifs :
- personnalité de Shay
- jolie patte artistique
- infiltration sympathique
- ambiance de l’époque bien retranscrite
- batailles navales
- grande carte
- bonne durée de vie pour les amateurs d’exploration
Les points négatifs:
- scénario basique
- quelques soucis techniques concernant l’aspect visuel
- bande son assez discrète
- certains PNJ non doublés dans la VF
- peu de changements dans le gameplay
- durée de vie limitée si on ne fait que l’histoire principale
- pas un épisode majeur de la saga
Test réalisé par Youness ERARD
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