Le studio Quantic Dream s’efforce depuis de nombreuses années de nous faire vivre des expériences vidéo ludiques nouvelles. C’est ainsi qu’en 2010 l’excellent Heavy rain avait conquis bon nombre de joueurs aussi bien novices que confirmés. Rappelez-vous, vous deviez résoudre l’affaire du tueur aux origamis : un meurtrier d’enfants qui se dissimule parmi les nombreux personnages de l’aventure, inutile donc de vous dire que le jeu propose de nombreux rebondissements parfois même totalement imprévisibles. 3 ans plus tard c’est avec un casting Hollywoodien que l’équipe du très médiatique David Cage réalise le jeu Beyond : Two souls, mais l’expérience est-elle à la hauteur de nos attentes ?
La petite histoire
Vous incarnez Jodie Holmes (interprétée par l’actrice Ellen Page) à différentes périodes de sa vie (environ sur une quinzaine d’années). Jodie est une jeune fille qui pourrait être tout ce qu’il y a de plus normal si une entité nommée Aiden ne venait pas lui rendre l’existence difficile. En effet, depuis votre naissance vous trainez un passager noir (comment ça on regarde trop Dexter ?), cette entité a sa propre personnalité et peut rapidement entrer dans une rage folle. Petit à petit cette petite particularité paranormale va isoler Jodie du reste du monde et le fait d’être enfermée dans une base de la CIA n’aidera pas notre jeune amie socialement parlant. Vous serez ensuite recruté par la CIA qui utilisera avec plaisir l’ensemble de vos pouvoirs. L’histoire se découpe donc en plusieurs chapitres racontant la vie de Jodie et Aiden, vous ne vivrez pas l’histoire de manière chronologique mais vous jonglerez entre l’enfance, l’adolescence et la vie d’adulte des personnages. Un procédé qui dans les premières heures peut paraître brouillon et désordonné mais qui finalement permet d’installer efficacement l’intrigue. Vous traverserez également un grand nombre de paysages durant votre aventure : neige, Afrique, désert… Le résultat final est tout simplement grandiose.
C’est quoi ton film ?
Graphiquement le résultat est tout simplement stupéfiant, il est parfois impossible de faire la différence entre le jeu et un film. Le chapitre «fugitive» par exemple offre des phases de jeux relativement impressionnantes et criantes de vérité. Certains plans et angles de caméra utilisés nous plongent directement dans un film. Au niveau des visages et de ses expressions, le résultat obtenu par Beyond : Two souls n’a jamais était égalé. Le studio français pousse à l’extrême la motion capture afin d’enregistrer les mouvements et les expressions. Chaque petite mimique, chaque petit rictus est ainsi reproduit à la perfection, le travail sur les yeux et le regard est lui aussi remarquable. Non vraiment c’est sans appel, il s’agit du plus beau jeu sur PS3, et on ne peut que saliver en se demandant ce que Quantic Dream nous réserve comme réalisme sur PS4. Esthétiquement parlant Beyond : Two Souls décroche un 19/20 et il en est de même pour la bande son réalisée par Hans Zimmer que l’on ne présente plus mais surtout Lorne Balfe qui signe ici une réelle performance
Et dire que je l’ai embrassé
A plusieurs reprises dans le jeu vous devrez faire des choix dans vos réponses, soit être timide, être évasive, dire la vérité, mentir… et bien évidemment vos choix vont influencer le déroulement de l’histoire parfois à court terme parfois à long terme (Et dire que j’ai embrassé ce garçon à la fête d’anniversaire… Il l’a bien regretté de toute façon). Les dialogues à choix multiples vous impliquent directement dans l’histoire et leurs conséquences peuvent réellement vous toucher ce qui va amplifier votre immersion dans le jeu. Au-delà de vos réponses, vos actions également apportent des changements dans l’histoire. Il faut savoir que vous vivez une expérience continue, vous ne recommencez quasiment jamais un chapitre ni même un passage que vous avez loupé, en cas d’erreurs de manipulations de votre part l’histoire peut prendre une tournure différente, mais l’ensemble revient vite sur la même base scénaristique. Malgré tout certains choix pourront peser lourdement sur la fin de l’histoire. A noter que le jeu vous offre des dizaines et des dizaines de fins différentes, un travail titanesque des développeurs.
Elle est où ma barre d’énergie et ma carte ?
Justement en parlant d’erreur, parlons du Gameplay car c’est là que le jeu peine à nous convaincre. Si vous êtes habitué à Heavy Rain vous ne serez pas dépaysé en revanche pour ceux qui tenteront l’expérience pour la première fois le gameplay peut surprendre. Elle est où ma barre d’énergie et ma carte ? Non ici vous ne verrez rien à l’écran, histoire d’approfondir l’immersion, lorsque vous pouvez interagir avec un objet, vous verrez un point blanc, ensuite en fonction de son positionnement vous devrez orienter le stick analogique droit vers la direction souhaitée. Par exemple pour attraper votre manteau qui est en hauteur vous dirigez le stick vers le haut. Vous l’aurez compris la prise en main et extrêmement simple et basique. Ce système s’applique pour de nombreuses phases du jeu même dans les affrontements, exemple pour frapper un adversaire à votre droite, stick vers la droite, pour éviter un coup, stick vers le bas, un ralentissement intervient avant votre choix pour vous permettre d’analyser la situation. Ensuite tout au long du jeu vous aurez des commandes à actionner, maintenir la touche triangle pour vous cacher, matraquer la touche X pour courir, actionner L1 et R1 successivement pour avancer dans l’eau…Certaines de ces commandes sont intuitives et logiques mais c’est loin d’être une généralité et si c’est bien elles qui doivent nous rendre acteur du jeu on a plutôt l’impression de n’être que spectateur de l’action. On ne ressent que très rarement le stress d’une situation qui nous oblige à aller vite et quand c’est le cas la maniabilité difficile d’Aiden devient vite énervante.
Sort de ce corps…
Parlons d’Aiden maintenant, cette petite âme nerveuse vous permettra régulièrement (trop régulièrement peut-être) de vous sortir de mauvaises situations, un conflit, une situation sentimentale difficile, un gros chagrin, des hommes armés…une seule solution : Aiden. Une pression sur la touche triangle et la voilà éjectée de votre corps mais toujours invisible ce qui vous permet d’explorer les environs pour voir quels mauvais coups réaliser, car oui Aiden peut traverser les murs. Malgré tout, la vision un peu floutée, la caméra et la maniabilité douteuse de votre entité mystère ne vous incitera pas à lui faire appel spontanément et fouiller certaines zones pour trouver les petits points bleus peut vite devenir énervant. A part faire bouger des objets vous pouvez également étrangler des individus et prendre possession de leurs corps pour les obliger à réaliser certaines actions. Même si sur le papier l’idée semble vraiment plaisante, le manque de liberté rend vite cette possibilité ennuyeuse, puisque pour progresser vous devrez obligatoirement prendre possession de telle personne en orange, étrangler telle personne en rouge…Une fois de plus nous ne sommes pas totalement acteur de la situation.
Conclusion 16/20
Beyond : Two souls est un film dont vous n’êtes pas totalement l’acteur et un jeu vidéo dont vous êtes parfois trop spectateur et c’est justement en cela que le jeu divise les joueurs. Malgré ce fait évident et son gameplay très basique, nous serons tous unanimes pour dire que Beyond : Two souls est un jeu (un film) unique et magnifique de part sa réalisation et sa direction artistique, le jeu des acteurs notamment Elle Page et William Dafoe poussent l’immersion et le réalisme encore plus loin. Maintenant il est évident que le jeu ne plaira pas à tous, pour faire simple si vous avez accroché Heavy Rain et plus récemment dans un autre style The Walking dead alors vous plongerez avec plaisir dans l’histoire de Jodie Holmes.
Les points positifs
- Graphiquement magnifique avec des décors variés
- Une réalisation magistrale, photographie et plans
- Une bande son qui colle parfaitement à l’ambiance des situations
- Personnages attachants et réalistes
- La possibilité de partager l’expérience à 2 joueurs soit avec une manette, une tablette ou un Smartphone afin de rendre l’expérience plus participative
- Une narration à première vue décousue mais qui permet d’installer l’intrigue progressivement
- Une bonne durée de vie (une douzaine d’heures) par contre niveau rejouabilité seuls les plus acharnés se lanceront une seconde fois dans l’aventure pour connaître toutes les fins possibles
Les points négatifs
- Certains chapitres vraiment ennuyeux
- La maniabilité d’Aiden pas toujours évidente
- Les déplacements de Jodie lourds et lents, on aimerait la faire courir la gamine
- Finalement très dirigiste avec peu d’influences sur l’histoire
- Un gameplay extrêmement pauvre et frustrant