Torment : Tides of Numenéra, le successeur spirituel de Planescape : Torment, qui a marqué toute une génération, est disponible depuis le 28 février 2017 sur ps4, Pc et Xbox One. Intitulé torment tides of numenera, le titre développé par inXile nous invite à plonger dans le « Neuvième Monde », un milliard d’années dans le futur (à peu près !). Empruntant à la SF et à la Fantasy, l’univers crée par Monte Cook est un savant mélange des genres. Le projet fut largement soutenu via Kickstarter, passant même devant Pillars of Eternity dans la collecte de fonds. Très attendu, très supporté par les fans de la première heure, le projet édité chez Techland passe aujourd’hui au banc d’essai. Plongeons ensemble dans un autre monde dans notre test et avis du RPG torment tides of numenera.
Le test du jeux video torment tides of Numenera. Plongez dans un autre monde.
torment tides of Numenera : La suite d’un jeu de rôle légendaire
Sorti le 5 janvier 2000, le spin-off de Donjons & Dragons « Planescape : Torment » proposait déjà un RPG extrêmement ambitieux, sous la forme d’un « Livre Dont Vous Êtes Le Héros« . Ainsi, l’essentiel de l’aventure se composait de tonnes et de tonnes de lignes de texte. Plus que d’explorer ou combattre, vous passiez votre temps à faire des choix, prendre des décisions, et surtout en assumer les conséquences. Ainsi chaque joueur vit sa propre expérience, unique et personnelle. L’essence même du jeu de rôle, qui semble renaître de ses cendres ces temps-ci, pour ceux qui le pensaient mort, ou dilué dans une action systématique.
L’implication du joueur dans ce type de jeu est très importante, ce qui explique l’attachement de la communauté à ce titre devenu au mieux légendaire, ou au moins un sérieux cas d’école. Le soft offrait une sérieuse durée de vie, un univers unique et une richesse exaltante. Il n’était pas superflu de présenter cet illustre prédécesseur, afin de mieux comprendre les enjeux, les attentes. Il est toujours difficile pour le petit dernier, de marcher sur les pas de son père, surtout lorsque ce dernier a mis la barre si haute.
En proie au Torment… dans tides of Numenera
S’il est en vue isométrique comme son ainé, les déplacements de Torment Tides of Numenéra lors de l’exploration ne se gèrent en revanche pas avec un curseur, mais avec le joystick gauche, ce qui offre une plus grande fluidité à l’action et renforce le sentiment de liberté. En revanche, le jeu vous confrontera à des « Crises ». Ces dernières sont des confrontations au tour par tour, lors desquelles vous pourrez combattre, manipuler l’environnement, vous déplacer furtivement, ou encore user du dialogue pour y mettre un terme. Et là, le curseur fait son come-back.
Les Crises sont relativement rares, et restent finalement assez anecdotiques, voire assez peu intéressantes, mais sont rythmées par une mise en scène et un fil conducteur, et vous aurez différents moyens pour les résoudre.
Vous ramasserez assez peu d’objets et équipement durant vos aventures, et c’est tant mieux. S’il fallait ajouter à ces dialogues volumineux une gestion des inventaires trop pesante, il en résulterait probablement une lourdeur fastidieuse. Vos armes seront plutôt la persuasion, l’Anamnèse, la connaissance… Ou pas !
En plus des différentes armes et magies classiques que l’on rencontre habituellement dans les RPG, vous pourrez ici vous équiper de Cyphers. Les Cyphers sont des Numenéras (artefacts laissés par des ancêtres) aux effets puissants, mais qui comportent également des inconvénients, et peuvent vous nuire plus que vous aider s’ils sont mal employés.
Vous aurez au choix trois classes de personnage : Glaive, Jack et Nano. Vous choisirez divers talents, compétences (d’exploration, de Destruction, d’Intimidation…), cependant ne vous attendez pas à une personnalisation esthétique poussée : vous choisirez le sexe, et c’est tout ! Par la suite, votre personnage principal se verra entouré de maximum trois compagnons de route simultanément.
Pour chaque action délicate, vous pourrez fournir des « Efforts », tapant ainsi dans vos réserves de Puissance, de Dextérité ou d’Intellect. Attention à bien les gérer car vous ne rechargez ces dernières qu’en allant dormir, ou à l’aide des sempiternelles potions.
Vous découvrirez à chaque coin de rue des monolithes, ou autres objets magiques aux pouvoirs obscurs et intriguants. S’aventurer à trifouiller à l’aveugle dans ce genre de situation peut vous être bénéfique, ou au contraire catastrophique, à vous de convenablement interpréter les indices, et agir en connaissance de cause. La magie, l’imagination, la fantaisie, l’originalité sont omniprésentes dans torment times of numenera, et c’est un bonheur de partir à la découverte de ce monde fascinant. Et puis il y a l’Affliction. Cette « masse », cet « être » qui vous cherche, vous suit, vous menace vous et vos semblables…
L’échec est une option, la mort une étape
La notion d’ « Héritage » est essentielle dans Torment. Vous ressentirez souvent le poids de vos choix dans l’avenir. Du coup on hésite énormément à prendre certaines décisions, car elles peuvent être lourdes de conséquences. Il y a énormément de ramifications dans les scenarii, et vous pourrez arriver à vos fins de différentes manières, avec votre style. Et pourquoi pas mourir, ou foirer en beauté ? Il n’y a pas de vérité, seulement la votre.
Cohérence du monde, causalité, implications… Appelez ça comme vous voulez !
Quand Dieu ferme une porte, il ouvre une fenêtre… L’erreur ou « le mauvais choix » n’est pas synonyme de Game Over, mais a simplement un embranchement qui lui est propre. Cette conception de l’univers, si rare dans les jeux vidéos où tout n’est que script binaire, où une porte va être ouverte ou bleue (Cf Desproges ;)), nous connecte à notre propre monde, nous rappelle l’absolue complexité de la transcendance cosmique de… Attention à ne pas se froisser un neurone non plus…
Mais rassurez-vous, si les thèmes abordés sont très sérieux, et malgré l’apparente austérité de l’expérience, des traits d’humour bien souvent noir sont constamment distillés, et le ton se veut détendu et léger malgré la certaine gravité du contexte.
Le neuvième monde dans torment times of numenera
En fonction de votre façon de jouer, la mécanique des marées évoluera : les forces qui agissent dans le neuvième monde sont organisées en « Flux », et vos actes les influenceront. Si cette notion semble amener de la complexité et de la subtilité sur le plan théorique, elle est en revanche relativement accessoire au niveau du gameplay pur. Cela donne de l’épaisseur et de la substance à l’environnement, mais dans les faits, c’est plus pour marquer votre style qu’autre chose, mais aussi pour déterminer votre cheminement, votre façon d’être.
Dans torment times of numenera, vous pourrez éviter la plupart des affrontements par le dialogue, ou en exploitant votre environnement. Mais malgré son originalité indicustable, on retrouve des éléments plus traditionnels ; qui dit RPG dit bien sûr XP, inventaire, améliorations, etc…
Des lacunes techniques pour torment times of numenera
Certes, des petites failles viennent parasiter le plaisir de jeu. Il est à noter que pendant un dialogue, lorsque vous surlignez une ligne de texte en vue de la valider, la différence avec les autres n’est vraiment pas flagrante. A tel point qu’il m’est arrivé au début de me tromper en sélectionnant par erreur une autre option que celle désirée. Cet espèce de violet très clair m’a personnellement posé quelquefois problème.
Le moteur de Pillars of Eternity offre un rendu honorable, mais connait des baisses de framerate importantes. De plus, un lag désagréable se fait ressentir à chaque ouverture de menu ou boite de dialogue. A noter également les temps de chargement d’une zone à l’autre, qui lorsque l’on doit en traverser plusieurs successivement, est à la limite du pesant. On aurait aussi aimé une meilleure finition par moment, tellement l’oeuvre (oui je parle d’oeuvre) méritait ce qu’il y a de mieux.
L’IA de torment times of numenera
Si l’IA de torment times of numeneraest à peu près correcte, Le plus gênant est vraisemblablement le pathfinding codé sous champis. Et bien sûr, je n’incrimine pas ici les champignons, mais bel et bien les développeurs. S’il pourrait être éventuellement amusant 5 minutes de voir les unités tourner sur elle-mêmes, c’est en revanche pénible d’attendre que ces dernières trouvent leur chemin ; la dynamique se casse et c’est dommage, surtout quand vous avez quatre héros à la fois. Les animations sont quant à elles minimalistes.
Techniquement, la version ps4 de torment times of numenera mérite un sérieux carton jaune. Ce n’est heureusement pas injouable, mais les faiblesses techniques nuisent, même si pour ce type de jeux, cela peut paraître insignifiant. On comprend que le choix se porte plus sur le niveau de détails que sur la fluidité, étant donné que la plupart du temps, la scène est fixe, quasiment figée. Mais à ce point là.
Les saccades régulières évoquent vraiment un Pc auquel on demanderait d’afficher les détails au max, alors que la config recommandée pencherait elle vers du low ou medium… Je reprécise que ce problème concerne au moins la version ps4, il semblerait que la version Pc notamment soit un petit mieux lotie. Notez que les développeurs comptent régler le problème avec de futurs patches.
« Atmosphère atmosphère… »
Vous l’avez compris, le réel intérêt de torment times of numenera réside bien dans l’univers, et non dans la forme. Vous rencontrerez des personnages hauts en couleurs, et on est bien loin des quêtes secondaires anecdotiques d’un Sword Coast Legends par exemple. Toutes ont un intérêt, sur le plan scénaristique, et vous rencontrerez des personnages atypiques, intéressants, attachants.
Si l’esthétique si particulière de <?php semble générique par certains cotés, le tout gagne en crébilité. Un peu comme un documentaire ou une encyclopédie qui porterait sur l’humanité ; qui essaierait d’être le plus neutre et donc le plus juste possible. Il s’agit plus de l’homme dans son ensemble, que d’une simple histoire subjective.
La direction artistique Les décors ont un cachet particulier qu’on peut ne pas aimer. Je trouve personnellement qu’ils ont beaucoup de gueule.
La narration de torment times of numenera
Tout est une affaire de narration, d’ambiance. C’est un titre extrêmement immersif pour tous les amateurs de littérature SF, fantastique et fantaisiste. Malgré la triste réalité du Neuvième Monde, l’atmosphère du jeu est très reposante, appelle à la sérénité, à la philosophie… Les époques, lieux et dimensions sont liés, connectés, changeants… Déstabilisant de prime abord, puis captivant, et nourrissant, Torment : Tides of Nemenéra a vraiment quelque chose d’unique. La bande son joue énormément dans ce sens ; extrêmement discrète, elle rentre dans votre esprit comme un petit velouté apaisant. elle souligne toujours avec justesse la situation. A noter certains bruits de fond parfois irritants, lorsque vous êtes dans une même zone pendant plusieurs dizaines de minutes. Précisons également que la traduction française comporte quelques erreurs et fautes de frappes (ainsi que des passages en anglais !), ce qui ne dessert pas vraiment la très grande qualité d’écriture originale.
Torment Tides of Numenera est un OVNI à l’ambiance particulière et dépaysante, parfois bizarre, étrange, énigmatique, mystique. Fait dans l’amour de la narration, de la raison, du langage. Une qualité d’écriture qui confère au soft, en plus d’une identité propre, une réelle saveur d’odyssée intellectuelle. La surenchère d’évènements énigmatiques que rencontre le joueur à chaque pas pourra peut être en gêner certains. Tout est mystère dans Torment !
La patience sera d’or ! L’imagination du joueur aura une place déterminante, sa faculté à avaler des kilos de texte pour en extraire toute la magie n’est pas sans rappeler les sensations à l’ancienne du bon bouquin trouvé par hasard dans la bibli poussiéreuse de chez mémé. Une mémé érudite, certes, et bien open-minded. La mémé idéale en somme !
« Que représente une vie ? »
A peine un pet de lapin, si on en croit l’infinie richesse du fourmillement intellectuel auquel on vous invite ici. Torment remet en perspective la place de l’humain, et attendez-vous à affronter vos propres contradictions.
Histoire de chambouler les habitudes d’entrée de jeu, sachez que vous commencez l’aventure en étant amnésique, mais surtout, vous vous relevez d’une chute à priori mortelle. En fait, vous êtes un « Reliquat », un être créé par le Dieu Changeant, qui a délaissé le corps que vous habitez. Vous êtes comme un résidu de conscience… La « séparation » entre le corps et l’âme est une des multiples notions que le jeu aborde. Un peu de spiritualité dans ce monde superficiel, bordel à cul !
L’idée d’offrir un condensé de ce que l’humanité et les autres espèces ont pu produire en plusieurs milliards d’années, liée à une conception de l’univers vertigineuse ; temps, espaces, êtres, ne sont jamais ce qu’ils semblent être, dans Torment.
Retour aux sources pour les amateurs de jeu de rôle
Il faut presque plus voir ce soft comme un livre interactif, qui s’adapte à vos prises de décisions, que comme un jeu vidéo au sens classique du terme… Et c’est là que réside toute la fraicheur de l’expérience. La réflexion et le questionnement comme mécaniques de gameplay… Certes, il y a de quoi en rebuter certains… Mais avec ses 20 à 30 heures de jeu voire plus pour boucler toutes les quêtes annexes, Torment : Tides of Nemenéra tiendra en haleine beaucoup d’entre vous. Et ce sans compter sur une rejouabilité importante, s’il vous prend d’expérimenter divers scénarios.
Torment times of numenera, un RPG Old School
Cette vision très old-school du RPG trouve ses adeptes plutôt chez un public mature, d’un certain âge, car en plus d’être essentiellement constitués de dialogues, les rares moments d’action évoquent la sensation d’une douche tiède, dans un routier au bord d’une autoroute, après avoir mangé un cassoulet… Mais je ne sais pas si je suis clair… Disons que les combats sont mous du genou, et excessivement rares… Soyez prévenus ! Mais reprocher celà à ce titre reviendrait à dire que tel ou tel classique littéraire est un mauvais bouquin car il ne comporte pas assez d’images.
Qu’un jeu vidéo ose nous faire lire autant, en 2017, peut apparaître pour de l’hérésie, et il est certain que l’univers de Numenéra ne conviendra pas à tout le monde… Son gameplay encore moins. Pour les autres, les fans de toujours, ils devraient y trouver leur compte. A condition de savoir mettre de l’eau dans son vin sur certains aspects discutables du soft. D’autant qu’après Planescape, les attentes étaient logiquement… démesurées. Mais Torment : Tides of Numenéra fait partie de ces jeux dont la richesse réside dans ce qu’ils ne montrent pas, ce qu’ils supposent. A contre-courant du plein la gueule hollywoodien qui fait norme. Le RPG old-school revient, et c’est tant mieux !
Points positifs de torment tides of numenera
- L’univers, immensément riche, et maîtrisé
- Visuellement très réussi
- Narration et dialogues de qualité
- Liberté d’approche
- Un jeu qui marque profondément
Points négatifs de torment tides of numenera
- Combats mous et assez inintéressants
- Pathfinding foireux
- Techniquement un peu dans les choux (ps4)
- traduction à quelques occasions imparfaite
Avis et note finale pour torment tides of numenera 16/20
Est-il nécessaire de rappeler que Torment Tides of Numenéra s’adresse à un public particulier ? Son univers très atypique et son gameplay « posé » feront fuir une grande partie des joueurs. Pour ceux qui connaissent déjà Torment, pour les friands de jeux de rôle papier. Ou simplement pour les curieux lassés des gameplays toujours portés sur l’action, c’est un titre quasi-incontournable. Il est envoûtant, captivant, prenant mais perfectible, et les quelques défauts parfois frustrants n’entachent que peu l’intensité de l’aventure. torment tides of numenera est-il le digne successeur répondant à toutes les attentes ? Peut être pas, mais en tous cas un jeu magique, qui mérite de l’intérêt.
D’une richesse peu commune et avec une qualité d’écriture trop rare, la magie opère et l’expérience reste marquante, voire inspirante dans la vie de tous les jours. Certains intégristes de la première heure ne retrouveront peut être pas les sensations que le premier leur avait procuré. Mais l’esprit est bien là, alors si vous êtes un temps soit peu sensible à l’univers, laissez-vous happer par ce portail transdimensionnel. Et plongez dans l’aventure que propose torment tides of numenera, un RPG fantastique disponible sur PC et PS4.
Article rédigé par Echap