Mutant Year Zero : Road to Eden vous emmène dans des terres très (très) hostiles !

Sorti le 4 décembre 2018 sur PS4, One et PC (et peut être bientôt Switch), Mutant Year Zero : Road to Eden est tiré d’un jeu de plateau, dans un univers post-apo. La famille du RPG tactique, qui ne sait pas forcément trouver sa place dans le coeur de tous les joueurs, compte désormais sur l’opus des studios The Bearded Ladies, avec pour éditeur Funcom. Qu’en est-il ? Les promesses sont-elles tenues ? Le gameplay tient-il la route ? Y aura-t-il du rab de paupiette à la cantine ? On va essayer de répondre à (une partie) de ces questions. Commençons par les paupiettes, naturellement.

Nos héros sont des mutants, pour certains aux allures animales. Ce canard et ce phacochère ne manquent pas de charisme, et ont une dégaine bien badass.
Des protagonistes qui ne manquent pas de charisme, de classe et d’humour.

Mutant Year Zero Road to Eden : Une ambiance réussie

Avant tout présentons le. Il s’agit d’un jeu solo, inspiré d’un jeu de plateau, dans la veine d’un XCOM. Un RPG tactique en vue isométrique donc. De l’exploration en temps réel, du combat au tour par tour, avec un système de couverture

 MYZ : Road to Eden propose un environnement pour le moins hostile ! Tout part en cacahuète : le climat, la nature, les protagonistes… On est sur du post-apo pur et dur, et malgré une bonne touche de dérision, de fantaisie et d’humour, MYZ : Road to Eden est sombre et mature, dépaysant et assez prenant. Les décors sont variés : boisés, enneigés, sombres ou chatoyants… Du classique, mais qui fonctionne.

Une direction artistique loin d’être dénuée de charme, et un rendu global somme toute très convaincant : la Suède futuriste dépeinte dans MYZ : Road to Eden, attire et intrigue, et se dévoile en 4K, siouplé. Les décors sont soignés, détaillés… A tel point que de sacrés ralentissements sont à déplorer, même sur PS4 Pro. Sur ce genre de jeu, on aura tendance à l’indulgence, mais certaines saccades nuisent vraiment au plaisir de jeu au début du moins. Les voix anglaises, d’excellentes factures, sont sous-titrées en français. La bande son est très efficace, et participe à l’atmosphère si particulière du titre. Elle se conjugue aux éléments de décors d’un passé lointain (un lecteur cassette devenant alors un précieux artefact) où le chaos règne. Cela rajoute du mystère, de l’épaisseur à un monde cohérent et attirant.

Les environnements offrent de la noirceur, mais également de belles couleurs, et de beaux effets de lumière.
Les décors sont vraiment soignés, et très agréables à découvrir

Mutant Year Zero : Road to Eden joue sur la nostalgie. La musique, mais aussi les décors et les items rappellent les années 80-90, et c’est délectable. Même si il y a clairement aussi une intemporalité. La nature reprend ses droits sur une civilisation en déclin, où toutes les époques se mélangent en vestiges d’un passé oublié. En tous cas voir la fin du monde par ce prisme rétro est très agréable, et tous les amoureux de SF « à l’ancienne » ne devraient pas rester insensibles.

Nos héros feront de curieuses découvertes, et partiront en quête de réponse dans un monde hostile, impitoyable et inconnu. Ce vaisseau aux formes arrondies s'intègre au décor, et on retrouve ce mélange technologie/nature, si paradoxal.
Ces vaisseaux écrasés sont source d’interrogations et de mystère, dans un monde détruit et livré à lui-même.

Vous dirigez une équipe de 3 lascars à la fois. Un phacochère, un canard, des humains, une renarde… Tous avec leurs compétences propres, qu’il vous faudra débloquer. Ils ont une personnalité marquée, ne manquent pas de profondeur. Ils ont toujours un petit commentaire à faire, ce qui renforce l’intérêt, rend le tout vivant…

UN GAMEPLAY PERFECTIBLE

Certains puristes affirmeraient que ce genre de jeu se joue au clavier et à la souris ; et même s’il est vrai que c’est souvent plus agréable, la manette offre d’excellentes performances, autant dans l’explo que dans les combats ou les menus. Vous aurez une semi-liberté dans la découverte de la map, même si le niveau des unités ennemies vous obligera à faire du leveling dans des zones précises. Du coup, c’est finalement très linéaire. L’exploration et l’infiltration se font en temps réel, en revanche, les affrontements eux se font au tour par tour. De sympathiques animations ponctuent vos actions, et rythment bien les séquences de fight.

Issu d'un jeu de plateau, le passage en jeu vidéo fonctionne assez bien, malgré quelques imperfections. Ici, vous choisissez où déplacer votre personnage en mode combat, et le système de couverture présente alors les trajectoires et actions disponibles
Le système de couverture, intéressant, n’en demeure pas moins un peu bancal parfois.

Parfois, le système de couverture pédale un peu dans la choucroute, surtout quand il y a des étages, mais rien de scandaleux. De temps en temps, un de vos perso se téléporte tout seul là où il n’a rien à foutre, on perd trente secondes, rien de scandaleux non plus. Quand aux fameux écrans bleus, notamment en rejoignant l’Arche, j’en ai eu quelques-uns, mais heureusement, la sauvegarde se fait quand même juste avant le crash… Alors on peste, on relance, et finalement, que de menus pépins à déplorer.

Le champ de vision de vos adversaires est illustré par un cercle rouge, ou blanc lorsque vous êtes en mode discret. A vous de vous cacher aux bons endroits et au bon moment, pour mettre toutes les chances de votre coté.
Choisissez scrupuleusement vos approches et vos angles d’attaque…
Une fois le combat déclenché, et sur le point d'ouvrir le feu, la caméra se déplace, et offre une lisibilité et un rendu plus spectaculaire. Ici, l'unité ennemie est isolée, et n'a aucune chance face à vos héros.
…car l’issue des combats en dépend

Ne vous lancez pas dans la bataille sans avoir dessoudé un maximum d’ennemis isolés. Les affrontements sont assez infaisables autrement, du moins très compliqués. A vous de prendre le temps d’analyser la situation, de repérer le nombre d’adversaires et leur type… et d’agir en conséquence.

Une fois le combat engagé, les possibilités tactiques sont nombreuses : se déchainer sur la même unité, ou bien jouer la mobilité pour éparpiller les forces adverses... Ce chien de la zone va essuyer un nombre de dégats conséquent, et peut être plus encore s'il s'agit d'un coup critique.
Lorsque vous pouvez tirer, la caméra se déplace et vous montre l’unité qui peut être visée. Il s’agit ensuite de switcher avec les gâchettes, pour sélectionner la victime idéale.

Le bestiaire est assez varié : robots, membres de secte, chiens de la Zone… Vos adversaires se combattent différemment, et ils peuvent s’avérer surprenants… Si l’aspect infiltration est incontestable et incontournable, il manque un peu de finesse, et est parfois imprévisible, perfectible. Mais le cocktail fonctionne plutôt bien malgré tout, surtout que ce type de jeu ne fait pas légion, sur console du moins…

Vous devrez gérer intelligemment vos ressources : que ce soit la feraille, qui sert de monnaie dans la boutique, que ce soit les pièces d’armes, servant à améliorer vos armes, ou bien les points d’artefact pour débloquer des bonus… Toutes les aides sont bonnes à prendre, et vous devrez continuellement retourner à l’Arche (votre base en quelque sorte), pour vous ravitailler et upgrader votre matos… Ne vous attendez pas à une foule d’items non plus. Les armes comme les consommables ne sont pas nombreux, mais ça gagne en simplicité et offre une progression plus fluide, sans avoir à passer trop de temps dans l’inventaire, pour un jeu déjà pas porté sur l’action. Ça le rend accessible…

L'Arche illustre bien le talent des dessinateurs. Si les possibilités dans ce qui vous sert de base sont limitées, on a pas non plus un sentiment d'inachevé ou de baclé. Ces passages sont synonymes d'accalmie
L’Arche, essentielle, sera un passage obligé, où vous devrez régulièrement vous rendre, pour vous approvisionner.

Vous pouvez également attribuer des points de mutation à vos personnages, pour qu’ils développent des compétences forts utiles. L’une d’elle consiste à manger des cadavres pour se redonner des points de vie, une autre permet de posséder un adversaire… Ou vous pouvez decider d’augmenter la santé maximum de vos héros. Là encore, on a vu plus complet, mais on a de quoi faire quand même.

Les protagonistes de l'Arche auront souvent des petits commentaires et anecdotes sympathiques à vous confier. Ici, la vendeuse de la boutique nous parle champotes !
Les dialogues sont toujours intéressants, et prêtent souvent à sourire.

Les chargements sont très rapides, et en plus des sauvegardes auto, vous aurez la possibilité d’enregistrer votre partie quand vous le souhaitez. C’est heureux ! Car la difficulté, sans être impitoyable, ne laissera pas beaucoup de place à l’erreur (dès le mode normal). A vous d’adapter les bonnes stratégies en fonction du contexte, et de la jouer le plus finement possible, au risque de voir débouler plusieurs ennemis en même temps, ce qui corse sérieusement les choses. Pour la durée de vie, une bonne quinzaine d’heures seront nécessaires. Suffisant ou pas, je vous laisse en juger. Pour un jeu de ce type, plus pourrait lasser, moins pourrait frustrer… On ne se sent pas volé, pour le coup. Et même si il y a une certaine rejouab, tant différentes façons de faire existent, il n’est pas garanti que vous y reviendrez une fois la campagne terminée.

Les teintes vertes prédominent ici, même si la noirceur est de mise. Ce décor inquiétant n'augure rien de bon : Comme ce pendu à un lampadaire, qui s'intègre parfaitement à l'ambiance du moment.
La direction artistique ne manque pas de gueule, et l’univers se veut immersif, prenant…

Les points forts de Mutant Year Zero : Road to Eden

  • Direction artistique, level-design, de qualité
  • Dialogues et ambiances convaincants
  • Univers original et relativement léché
  • Persos charismatiques et pour certains attachants
  • Bande son très réussie

Les points faibles de Mutant Year Zero : Road to Eden

  • répétitif, et peut être ennuyeux, à la longue
  • Des petits bugs, pas dramatiques mais pénibles
  • Un gameplay que certains trouveront peut être trop simpliste, et pas sans défauts…

Conclusion Mutant Year Zero : Road to Eden

Non, nous ne sommes pas face à une révolution du genre ; Mutant Year Zero : Road to Eden est un titre sympathique, qui se laisse parcourir grâce à une ambiance et une esthétique réussies. L’histoire et les personnages parviennent à faire oublier les errements et autres petits bugs. Les adeptes du genre devraient pouvoir y trouver leur compte, s’ils le prennent tel qu’il est. Le néophyte peut tenter sa chance également, le gameplay est exigeant, et ce dès le premier niveau de difficulté, mais si on comprend les mécaniques de jeu et comment aborder les confrontations, il y a moyen d’apprécier ce titre sympathique. Sans être insurmontable, il faudra être suffisamment motivé et intéressé par ce soft, pour en boucler l’aventure. Vous devrez souvent recommencer pour changer d’approche, ce qui amènera éventuellement un autre inconvénient : la lassitude. Cependant, on saluera l’univers, inspiré, prenant, original et soigné, ainsi que son gameplay intéressant et complexe tout en étant accessible.

Article rédigé par Edchap

Le chaos règne partout. Les éléments destructurés du décor témoignent de la violence de l'apocalypse, même si une touche de lumière, et donc d'espoir, est perceptible ça et là.
Nos héros vont visiter bon nombre de zones différentes, toutes plus jolies et dangereuses les unes que les autres.